Xavier Dietlin

Rock’n’roll Altitude

Texte
Olivier Müller
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Lauffenburger

Xavier Dietlin a révolutionné les métiers de la vente horlogère. Ses vitrines magiques, ludiques et interactives ont séduit la quasi totalité des marques de haute horlogerie Swiss Made. Retour sur le parcours d’un homme qui, toujours, revient à Zermatt pour se ressourcer.

Les métalliers ont du cœur et celui de Xavier Dietlin est à Zermatt. À bientôt 50 ans, l’homme, très attaché à la station, a marqué de son empreinte l’horlogerie suisse. En concevant des montres? Nullement: l’horlogerie Swiss Made a suffisamment de talents pour cela. Celui de Xavier Dietlin est de les mettre en lumière, au sens propre.

Pour Hublot, Omega, Blancpain, Audemars Piguet, ­Breguet, F.P. Journe et des dizaines d’autres encore, il a créé des vitrines d’un genre nouveau — pour ne pas dire révolutionnaire. « Lorsque j’ai repris la société de mon père il y a 20 ans, je me suis aperçu que tout le monde se battait pour faire la même chose : des vitrines mortes, des cages de verre qui empêchent tout contact visuel ou tactile avec la montre. J’ai essayé de changer cela, à ma manière ».

Un ancien footballeur pro
Cette manière est élégante, assurément actuelle. Xavier Dietlin fait appel à un panier de technologies qui comprend aussi bien vitrines interactives, hologrammes, vidéo, 3D que réalité virtuelle. Les cages de verre ont disparu, laissant la place à des « déclencheurs d’émotions », dit-il.
Cette manière, c’est celle d’un homme. Ancien footballeur professionnel du Servette FC et de Sion, Xavier ­Dietlin est un éternel sportif qui croque la vie avec un sourire carnassier. Débordant de passion, il dévore son métier, se renouvelle en permanence et partout. Notamment à Zermatt, où il se rend depuis plus de dix ans. « J’y trouve une qualité d’accueil qui, chaque fois, me surprend, un sens profond de l’hospitalité, un village qui a su garder son âme tout en se développant harmonieusement avec le tourisme. C’est le seul endroit au monde où des millionnaires et des paysans se croisent tous les jours dans la rue, fréquentent les mêmes tables. Chez Vrony, Chez Heini, je suis comme à la maison ! ».

100 % Swiss Made
Si Xavier Dietlin affectionne autant Zermatt, c’est aussi parce que la station incarne pour lui la qualité suisse — qualité dont il est devenu un ambassadeur émérite. « Je retrouve ici le mariage du luxe et de l’authentique. Les matériaux sont nobles, ils n’ont pas été importés, tout est construit sur place avec un savoir-faire local. C’est la définition même du Swiss Made ».
À Zermatt, Xavier Dietlin conjugue son métier avec sa passion du ski et de la randonnée. À mi-temps des deux incontournables salons horlogers (SIHH en janvier, Baselworld en mars), il vient se poser en famille à Zermatt, en février, puis revient fin avril, pour profiter des dernières neiges de la saison — « un moment magique où tout le monde se décontracte, où l’on peut croire que l’on n’a les pistes que pour soi ! », glisse-t-il, des étoiles dans les yeux.

Un dernier coup d’œil au Cervin
En été, cet infatigable marcheur apprécie de se sentir un moment « complètement désorienté », lorsque la neige, finalement, cède devant l’extension inéluctable des pâturages. C’est ce même sentiment qui l’anime perpétuellement dans son travail : sortir en permanence des sentiers battus, faire appel à des compétences extérieures au monde de l’horlogerie ou des vitrines pour se renouveler, réinventer, réinsuffler de la vie et de l’idée.
Un jour prochain, il partira vers de nouvelles aventures. Lesquelles ? Le sentiment reste diffus, mais la direction, elle, est claire : la colonne vertébrale sera Swiss Made, aussi innovante qu’authentique. Xavier Dietlin est ainsi fait : il va de l’avant, toujours, mais sait se retourner pour savoir d’où il vient. « C’est comme à Zermatt : voilà le seul endroit au monde où, tous les matins, les gens se retournent vers le Cervin avant d’aller skier ou marcher ». Comme un repère majestueux, immuable, d’où l’on se projette vers l’avenir.