Le ski grand format

Crans-Montana

Texte
Daniel Bauchervez
Copyright
Patrick Güller
Parution
Décembre 2025

À Crans-Montana, on skie comme on respire. À pleins poumons, aimanté par le soleil du Sud et l’encéphalogramme des Alpes Valaisannes battant la chamade à l’horizon. Sous les spatules: 140km de boulevards blancs et un domaine freeride tout en verticalité.

À près de 1’500 m d’altitude, le bien-nommé Haut-Plateau ne manque pas de neige : il en tombe près de 3 m par an, en moyenne. Vu de la télécabine partant à l’assaut de Cry d’Er (2’256 m), le blanc s’étale bientôt en croupes onctueuses, que cisaillent ici et là quelques larges vallons où dévalent les skieurs. Le cœur battant de la station est là, avec son tapis rouge : la Nationale, théâtre des coupes du monde passées et présentes (féminines notamment) — « la plus belle piste de super-g masculine » disait le descendeur suisse Bernhard Russi, médaillé olympique. Près de quatre kilomètres de neige généralement parfaite, au tracé technique exigeant, qui retrouvera encore les honneurs des sunlights lors des Championnats du Monde FIS 2027.

Au pied même des remontées, le snowpark, retaillé aussi bien pour les débutants que les cadors, réunit lignes de jumps, rails, boxes et l’un des plus grands half-pipes des Alpes, douchés au besoin de neige artificielle. Et pour shooter les figures des freestylers, il y a la terrasse XXL du Cry d’Er Club d’Altitude, inondée de soleil et de panoramas.

Pour la pause gourmande, ce serait plutôt du côté du Chetzeron, à 10 minutes de glisse, avec vue, là encore — sur le Cervin et toute sa cour, de l’autre côté du sillon du Rhône. Pas banal, cet hôtel de luxe implanté dans une ancienne gare de téléphérique. Un autre mythe part de là : la noire Chetseron, jamais damée, que certains descendent en maillot de bain ! Pour les familles, il y a (bien) plus doux : le secteur d’Arnouva, très central, avec son vaste jardin des neiges, ses cours de ski pour débutants et ses scooters des neiges électriques.

Côté ascendant, les croupes blanches du Bellalui (2’543 m) et de la Plaine Morte (2’927 m) font de l’œil, cette dernière rejointe par le Funitel des Violettes. Un petit Toit du monde. L’air glacé qui s’engouffre dans la cabine dit bien de quoi il retourne : on touche là à la (très) haute montagne et à l’une des plus vastes plaines glaciaires des Alpes — une oasis ouatée de 7 km2, veillée par les sommets germanophones du Wildstrubel. Ski de fond, raquettes, chiens de traîneau, c’est un peu le Grand Nord, sans une branche à l’horizon, la truffe glacée par le vent. De là-haut coule la noire Kandahar, à fil de crête, puis en transversale du mont Bonvin (2’995 m). Certains s’échappent vers la Toula, sauvage en diable, qui n’a que faire des dameuses. Pentes raides et champs de bosses, de l’ombre vers le soleil.

Reste, en aval, la discrète Aminona. Peu de monde, beaucoup de charme. Déporté vers l’est, à l’ombre du Petit Bonvin, le secteur ose à peine une poignée de pistes au-dessus du délicieux hameau d’alpage de Colombire (où l’on croise ceux qui montent en raquettes). Pour les toits de mayens gavés de neige, les sapins bibendums, la peau de phoque et les runs en forêt, c’est par ici que ça se passe (notamment). Et si l’envie vous prend de troquer les planches pour les patins, la redescente en luge jusqu’en station ne manque pas de saveur.

crans-montana.ch