La cabane du Mont-Fort, revisitée

Un petit coin de paradis alpin

Texte
Claude Hervé-Bazin
Copyright
Verbier Tourisme
Parution
Hiver 2023-2024

Parmi les 153 cabanes du Club Alpin Suisse, elle est, en Valais, l’une des plus iconiques, célèbre pour son accueil, sa table et sa vue spectaculaire sur les Combins et le massif du Mont-Blanc. Ce printemps, après 40 ans de bons et loyaux services, le couple Bruchez tirait sa révérence. Rencontre avec les nouveaux gardiens, Audrey Galas et Fabien Navilloux.

Le plus dur n’est pas d’y accéder, mais d’en repartir, disent les habitués… Posée sur son tertre de l’alpe de La Chaux à 2’457 m d’altitude (à 1 h 30 seulement de la télécabine), face à l’un des plus incroyables panoramas des Alpes, la cabane du Mont-Fort s’apprête à fêter son centenaire en 2025. La première de la région, elle ouvrait alors aux randonneurs et montagnards tout un secteur des Alpes valaisannes encore assez méconnu. Pas de 4’000 m à portée de piolet, non, mais un aréopage de sommets enlevés et scintillants, sur l’itinéraire, bientôt, de la Haute Route Chamonix-Zermatt et du Sentier des Chamois.

L’époque Bruchez
En 1983, le guide de haute montagne Daniel Bruchez et son épouse Frances s’installent à la cabane, inaugurant une histoire d’amour longue de quatre décennies. Tout, alors, se fait à dos d’homme — « et de femme ! », précise l’intéressé, qui se souvient, alors, trimbaler chaque jour entre 50 et 100 kilos de nourriture et de matériel… Pas d’électricité (le gaz juste), pas d’égouts. Les trois enfants du couple grandissent dans ces conditions rustiques, au plus près de la montagne, avec bains épisodiques dans des bassines ! En 2001, la cabane se dédouble, ajoutant aux dortoirs chambres privées avec chauffage et douches. Le luxe ! Au fil du temps, la fréquentation double, triple, puis sextuple — atteignant près de 600 visiteurs quotidiens récemment.

Une cabane pour le XXIe siècle
Retraite approchant, le Club Alpin Suisse s’enquiert de nouveaux gardiens. Fabien Navilloux, un habitué des lieux, et sa compagne Audrey Galas candidatent, parmi d’autres, sans trop y croire. Lui est employé de Téléverbier au service de l’enneigement mécanique, elle diplômée de l’École des Arts et métiers de la Table : le profil parfait, enrichi par deux tout jeunes enfants (de 4 mois et 4 ans) qui viendront ajouter de la vie à la cabane — comme avant, l’été durant.

Première tâche : mettre le lieu aux normes. L’occasion d’apporter tout un tas d’améliorations : cuisine toute neuve, bar réagencé, chambres du personnel refaites, nouvelle literie pour tous, terrasse remplacée, installation d’un système permettant de traiter et d’utiliser l’eau de la montagne. L’air du temps est au développement durable.

Le pain le plus haut de Suisse
Le concept de restauration évolue, lui aussi. Pour éviter la longue attente lors des commandes à l’emblématique fenêtre, le jeune couple choisit de mettre en place un service à la table. La fenêtre est conservée pour les snacks et la vente à l’emporter, avec mise à disposition des tables latérales à la cabane. Côté carte, fondue, rösti et croûtes restent « incontournables et indétrônables ». Mais la cuisine monte en puissance, favorisant largement le « fait maison » et les produits locaux, autour de nouveaux plats signature, de pâtes et lasagnes et, plus surprenant, de pains, viennoiseries et pâtisseries confectionnés sur place, par un vrai chef-pâtissier ! « Peut-être bien le pain le plus haut de Suisse », s’amuse Audrey. Et une belle promesse de croissants chauds au petit déjeuner !

Parallèlement, la jeune femme, longtemps investie dans les tournées d’artistes, entend faire vivre la cabane autour d’événement spéciaux, soirées et soupers à thème. Tout est encore en discussion, mais on évoque astronomes, conteurs et musiciens. Certains seront là, déjà, pour l’inauguration officielle prévue en mars prochain — même si la cabane ouvre, de fait, dès le 9 décembre (jusqu’à mi-mai).

cabanemontfort.com