Le Bec des Rosses

Extrêmement impressionnant

Texte
Daniel Bauchervez
Copyright
David Carlier / Lévy Loye
Parution
Hiver 2023-2024

Tous les freeriders en rêvent: tracer leur ligne, un jour, sur la face nord de cet emblématique sommet, après une belle chute de neige. Coiffant le skyline verbiérain, entre val de Bagnes et mont Fort, le Bec des Rosses s’affirme en mythe.

On le voit plus souvent d’en bas que d’en-haut…. Le Bec des Rosses, c’est un peu le no man’s land de Verbier, la terre promise. Une face très large, léchée de lignes un peu folles que l’on découvre à la jumelle, depuis La Chaux ou le mont Gelé, en espérant y surprendre les taches colorées de riders au bord de l’apocalypse.

3’223 m. Ce n’est pas l’Himalaya. Et pourtant… Coiffant le glacier de La Chaux, le sommet, pyramidal, se détache tel un Everest alpin. Intimidant, pour le moins. L’approche, elle, n’est pas trop ardue. Aucune remontée mécanique, certes, mais le col des Gentianes n’est pas bien loin. L’arête orientale du Bec se déroule bientôt — un peu aérienne, mais pas trop —, découvrant pierrier et blocs encombrants l’été, bonne trace déroulée par d’autres l’hiver (en général). Un sacré tas de cailloux, ce Bec !

Une pile de rochers plus haute que les autres : le sommet est atteint, avec son 360° promis sur les Alpes valaisannes. Les Combins luisent au soleil. Et soudain, l’émoi vire à l’effroi. En contrebas, la face déroule son chaos caillouteux et ses ressauts, ses couloirs et ses vertiges. L’adrénaline s’installe et le souffle se fait court.

La face des superlatifs
Quelle voie choisir ? La « classique » Dog Leg, se déroulant sur la gauche de la face ? La centrale, encombrée de sa Hollywood cliff, à effacer d’un saut qui paraît bien périlleux ? L’option droite, pas moins monstrueuse ? Quel que soit le côté, tout commence par un labyrinthe de barres et de sharks, où le risque de crocher les cailloux est constant. Exposé. Très exposé. Si les proriders basculent dans le vide sans trop d’arrière-pensées (croit-on), les autres y réfléchissent à trois fois. Le DVA est bien arrimé sur le dos et, au pire, il sera toujours temps d’avaler les passages délicats en escaliers… Pas de honte à avoir, sur le Bec. Tout le monde n’est pas Xavier De Le Rue ou Aurélien Ducroz — parmi les multi-vainqueurs (snowboard et ski) de cet incontournable Xtreme de Verbier, qui revient chaque mois de mars sur la face pour clore la saison du Freeride World Tour.

Au Bec, aucune compétition ne ressemble à une autre. Ici plus qu’ailleurs encore, la nature dicte ses règles et les conditions évoluent. Départ du sommet ? Départ en contrebas ? Peuf ? Moquette ? Croûte ? Écailles de dragon ? Suspense. Une chose est sûre : la pente sera raide. Très raide (45-50° au début, 40-45° ensuite). Parfois, même, la météo s’en mêle au point de voir annuler l’épreuve — comme en 2023. Une preuve de plus, s’il en fallait, que le Bec, c’est de la haute, très haute montagne.

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