
La famille Michaud
Un siècle d’horlogerie et des poussières
Grandie à cheval sur trois continents et à travers les ambitions réunies de quatre générations, la maison Michaud cultive aujourd’hui l’art de l’horlogerie et de la bijouterie entre Neuchâtel et Verbier. Rencontre avec son ambassadeur local, Jean-Nicolas Michaud.
Tout commence par une aventure. Celle de Charles-Louis Michaud, Neuchâtelois parti ouvrir un magasin de montres à East London, en Afrique du Sud, aux dernières heures du XIXe siècle. Là-bas, le tram arrive alors tout juste à Sandy Beach, où les belles en ombrelle se retrouvent au tearoom, à distance des baigneurs exclusivement masculins. Aux vestiaires, tictaquent alors montres plates, montres de poche et montres à gousset.
En 1906, Charles-Louis Michaud est de retour au pays. Il se marie et inaugure bientôt une bijouterie-horlogerie naviguant sur les codes architecturaux de la Belle Époque. Guerre et dépression passent, sans arrêter la marche durable de l’entreprise. En 1934, son fils Édouard-Alexis épouse la jeune Madeleine Tschudin — dont le père, Gottlieb, marchand de montres bâlois, a longuement labouré les marchés de l’Extrême-Orient, s’installant même un temps au Japon. Deux familles, trois continents : la légende s’écrit.
Après-guerre, la vie reprend de plus belle, à coups de réclames et au gré de partenariats avec des marques horlogères de prestige. Jean-François, représentant la troisième génération, s’envole pour Hong-Kong, où il s’établit en tant que diamantaire — avant de revenir à son tour à Neuchâtel, au bras de Priscilla Yang, créatrice de mode. L’orfèvrerie de papa est définitivement enterrée. C’est le temps des grandes noubas, qui propulsent Michaud au firmament des joailliers. Voilà bientôt Jean-François Président des Bijoutiers Suisses. S’ensuit une fantastique collection de bijoux au succès planétaire… puis une retraite bien méritée. En 2006, pour le centenaire de la maison, les rênes sont reprises par Marie-Maude et Jean-Nicolas, gemmologue de formation.
L’aventure se prolonge du côté de Verbier
Aujourd’hui encore, les liens familiaux et professionnels avec Hong-Kong, Singapour et la Chine demeurent étroits. Mais c’est à Verbier — et nulle part ailleurs — que Jean-Nicolas Michaud a décidé d’installer la première succursale de la maison, il y a quinze ans, laissant le siège historique de Neuchâtel à sa sœur et à son frère. Où, mieux que dans cette station au caractère si cosmopolite, « vendre du beau, du rêve et de l’excellence » ?
« Verbier s’est vite imposée comme une évidence ; c’est notre station de sports d’hiver de cœur et le marché n’y était pas saturé. Jean-Claude Biver, alors patron de la marque Hublot, a bien voulu nous accompagner dans cette aventure et nous avons ouvert ensemble la première boutique Hublot en montagne, ici, au début de l’hiver 2009. Verbier est depuis devenu mon lieu de vie et mon terrain de jeu. »
Le bijoutier savoure sa vie en altitude : « Verbier est une station comme nulle autre. Il y règne une ambiance particulière en toute sportivité. Il faut absolument aller prendre l’apéritif au No 8, manger à l’Écurie chez Damien, admirer la vue en prenant le brunch sur la terrasse du Chalet d’Adrien, déguster une fondue à La Grange et surtout ne pas manquer la saison de la truffe chez Marco Bassi ! Prendre un after diner cocktail au lounge de l’Hôtel W, aussi, finir sa soirée au Farm Club et manger un feuilleté au fromage au petit matin à la boulangerie de la poste… Et puis il y a la PdG… la meilleure façon de clore l’hiver après une belle saison d’entraînement en peaux de phoque ! Un parcours vertigineux, exigeant force, courage et endurance, mais quel plaisir inégalable de voir le soleil se lever au passage du col de Riedmatten et se dessiner l’interminable serpent formé par toutes les lampes frontales des patrouilles, dans cette montagne qu’on apprend humblement à maîtriser. Une expérience unique ! »
Des partenariats prestigieux
À Verbier, Jean-Nicolas Michaud cultive toujours des partenariats privilégiés avec les marques horlogères les plus réputées, noués au gré de contacts personnels depuis l’enfance. « Mes parents avaient l’habitude d’inviter à la maison Pierre-Alain Blum, le CEO d’Ebel, monsieur Franck Muller (ndlr : spécialiste des grandes complications) et d’importants détaillants comme René Beyer (huit générations d’horlogers !), Jürg et Cecilia Kirchhofer ou la famille Huber de Vaduz. Et j’ai également eu la chance de travailler aux côtés de Nicolas Hayek, Arlette Emch (Swatch) et bien d’autres. »
Dans l’escarcelle de la maison Michaud, Zenith et Longines figurent de longue date, mais le plus ancien partenariat ininterrompu a été noué par grand-papa avec Rolex… dans les années 1960 ! Plus récemment, « de nouvelles collaborations ont été développées avec de jeunes entreprises comme Norqain ou Ressence, mais aussi beaucoup de marques de bijouterie comme Messika, Pomellato et Fope », se réjouit Jean-Nicolas. Autant de trésors à découvrir dans le cosy espace lounge de la boutique, au 5 rue de Médran.