
La CCIG, catalyseur de croissance
160 ans de bons et loyaux services
Son mandat est essentiel. Fondée il y a 160 ans tout juste, la Chambre de Commerce, d’Industrie et des services de Genève (CCIG) joue un rôle pivot dans l’économie du canton, en soutenant l’entreprenariat et en œuvrant à favoriser un environnement bénéfique aux affaires. Rencontre avec son directeur général, Vincent Subilia.
Pourriez-vous nous présenter la CCIG ? Institution privée créée en 1865 par le banquier Ernest Pictet, la CCIG a pour mission de défendre et promouvoir le tissu économique genevois, et de soutenir ses plus de 2’600 entreprises membres. La Chambre a toujours été associée de près au développement du canton et de son écosystème, de l’École de commerce aux Ports-francs en passant par le réseau ferroviaire du Léman Express. Courroie de transmission entre le local et l’international, elle est indépendante du pouvoir politique, mais collabore activement avec lui, tout en portant — lorsque cela s’avère nécessaire — une critique constructive. Notre siège de la Maison de l’Économie abrite en outre plusieurs institutions auxquelles la CCIG est arrimée, à l’image du Centre suisse d’arbitrage, dont nous sommes cofondateur et actionnaire, et de la Chambers’
House, qui réunit des chambres de commerce bilatérales (notamment l’AmCham, le chambre de commerce suisso-américaine, qui vient de s’y installer !).
160 ans d’existence : comment envisagez-vous cet anniversaire ? De nombreuses manifestations viendront marquer ce jubilé, s’ajoutant aux quelque 120 événements organisés annuellement par la Chambre. Notre 160e assemblée générale verra converger un nombre record de décideurs économiques et politiques autour d’un grand dîner d’anniversaire. L’occasion de mettre en lumière les étapes de la croissance de notre belle institution, en miroir avec la modeste muséographie inaugurée en son sein. Notre Maison de l’Économie, aux locaux désormais intégralement rénovés, a été en outre le cadre d’une première « Journée portes-ouvertes ».
Qu’est-ce qui vous a conduit à diriger la CCIG ? Avocat de formation, j’ai rejoint la CCIG il y a 10 ans tout juste, après avoir longtemps œuvré dans le monde bancaire. Vaudois d’origine, « demi portion de frites » par ma mère belge, comme m’avaient baptisé mes camarades d’école, j’ai étudié et travaillé en Suisse, à Londres et Bruxelles (plus brièvement à New York, Pékin et Singapour) avant d’adopter la République de Genève, attiré par cet esprit si particulier ancré dans l’ouverture au monde de la Genève internationale — une ouverture inscrite au cœur de l’ADN de la CCIG.
Quel est votre rôle à la tête de la Chambre ? Directeur adjoint en 2015, responsable de l’arbitrage et des affaires internationales, puis Directeur général adjoint en 2017, j’ai le plaisir d’en être le Directeur général depuis 2019. Si mes fonctions me valent de porter les messages de la Chambre et d’en être souvent le visage, je sais pouvoir m’appuyer sur une trentaine de collègues de grande qualité. Je travaille en confiance avec un Comité de premier plan présidé par Isabelle Harsch et avec notre Conseil économique, organes respectivement décisionnel et stratégique, constitués d’entre-preneurs extrêmement qualifiés et engagés représentant la diversité des pôles d’excellence de l’économie genevoise. Chacun.e à la Chambre est investi d’une mission : celle de se battre au quotidien pour soutenir nos entreprises membres et, au-delà, l’écosystème genevois !
Comment ressentez-vous le climat des affaires actuel à Genève ? Notre économie est confrontée à un défi majeur : comment maintenir l’attractivité d’un territoire dont la prospérité s’est construite sur l’ouverture au monde, dans un cadre de concurrence féroce, alors même que soufflent les vents contraires imposés par la Présidence Trump ? Berceau et bastion du multilatéralisme, la Genève internationale, représentant 5 milliards de retombées annuelles, est dans le viseur de l’actuelle administration américaine, qui y voit le symbole d’un environnement fondé sur la règle de droit et ses valeurs de coopération — aux antipodes de la doctrine purement transactionnelle du locataire de la Maison Blanche. La contribution américaine s’élevant à environ 25 % de certains budgets onusiens, les coupes drastiques programmées auront un impact certain. Il convient toutefois de faire preuve de résilience et d’agilité, ainsi que Genève en est coutumière. Mieux, une telle crise pourrait être synonyme d’opportunité ; celle de positionner résolument Genève comme fer de lance d’un monde nourri de multilatéralisme, forum inégalé du dialogue international.
Quels acteurs économiques sont moteurs ? Au-delà du secteur public international, le secteur privé à composante internationale revêt une importance systémique à Genève ; c’est le cas en particulier des acteurs du négoce de matières premières, dont la contribution au PIB genevois est essentielle, et dont il importe de soigner l’ancrage. Genève dispose d’atouts de premier plan en conjuguant la fiabilité inhérente au « Swiss made » et sa composante internationale. Il est essentiel de cultiver ces avantages concurrentiels, notamment sur le plan de la fiscalité.