
Le Virtual Hall®
L’émotion au cœur de l’expérience
Depuis le début de l’année, l’Orchestre de la Suisse romande (OSR) s’illustre à travers un outil révolutionnaire : Virtual Hall®, une application permettant de s’immerger dans l’atmosphère d’un concert symphonique à l’aide d’un casque de réalité virtuelle. Une première mondiale d’un rendu époustouflant, poussant l’art vivant à son paroxysme.
L’OSR a toujours été à l’avant-garde : le premier enregistrement d’un album orchestral en stéréophonie en 1954 lui revient. Fier de cet héritage, l’actuel directeur de l’OSR, Steve Roger, a imaginé en 2023 un concert olfactif de l’orchestre en collaboration avec le créateur de fragrances Firmenich, présenté lors du salon Art Genève. Mais sa rencontre avec Pierluigi Christophe Orunesu, fondateur de l’entreprise Cybel’Art, lui a plus encore ouvert le champ des possibles en matière de technologies inédites, amenant l’OSR dans un domaine auquel le monde symphonique ne s’était jusqu’alors jamais frotté…
Une rencontre entre deux visionnaires, amoureux de l’art
En 2019, Pierluigi Christophe Orunesu lance l’icologram®, une technologie permettant de proposer des concerts en hologramme particulièrement réalistes d’artistes iconiques. Sa volonté : immortaliser l’authenticité de leur art et l’émotion vibrante, de leur vivant — et non post mortem, comme d’autres l’avaient proposé antérieurement. Ici, il s’agit pour l’artiste de léguer ce qu’il souhaite, dans une intentionnalité toute personnelle. La prouesse titille la curiosité et l’esprit entrepreneurial de Steve Roger, qui imagine déjà un icologram® de l’OSR. Possible ? Pierluigi Orunesu en doute, d’abord, au vu du défi que représente l’application de cette technologie à tout un orchestre composé d’une centaine de personnes. « Mais l’enthousiasme de Steve m’a fait réfléchir et, après un mois, je l’ai rappelé pour qu’on se lance », se souvient-il. Où trouver un espace suffisamment grand pour se prêter à l’exercice du fond vert, sur 700 m2 ? Le projet est assurément hors normes, mais la confiance porte ses fruits, avec de premières représentations données lors du salon Art Genève 2024, au sein d’une black box créée spécialement pour l’événement. Un énorme succès, avec quatre jours de concerts en hologramme complets, réunissant plus de 6’000 holotouristes, comme aime à les nommer Pierluigi !
La naissance du Virtual Hall®
Ce succès pousse les deux hommes à aller encore plus loin dans l’innovation. Leur ambition, désormais ? Rendre l’expérience d’un concert le plus fidèlement possible… depuis la scène ! Il s’agit cette fois de faire partie intégrante de l’orchestre, au cœur du Victoria Hall. Aujourd’hui homologuée et disponible sur les casques Meta Quest, l’application propose des concerts immersifs d’une qualité saisissante, captés à l’aide de 23 micros et 7 caméras.
Un outil de diffusion qui touche au cœur
Testé lors du dernier salon Art Genève, ce nouveau mode de diffusion a créé l’émotion parmi toutes les générations. « Des séniors férus de concerts symphoniques, qui n’ont plus l’occasion de s’y déplacer, nous ont dit retrouver ce frisson bien connu. D’autres, plus jeunes, ont été attirés par cet intrigant casque et séduits par l’expérience, bien qu’il ne s’agisse pas d’un genre de musique qu’ils écoutent habituellement. Cette application est donc aussi une belle manière de faire un pied-de-nez à l’image parfois vieillotte que certains se font de la musique classique », s’enthousiasme Steve Roger. Un constat qui réchauffe l’âme, à une ère où l’offre digitale semble parfois isoler plus que de fédérer — et une très belle opération de démocratisation de la musique symphonique, qui tisse un pont virtuel vers des sensations quant à elles bien réelles et ô combien humaines.
Un focus sur les publics empêchés
C’est dans cet esprit que débutera en septembre 2025 une tournée des cinquante-quatre EMS du canton de Genève. Steve Roger explique : « Cette initiative comporte trois volets. Tout d’abord, déclencher le souvenir par l’immersion dans le Victoria Hall, pour celles et ceux dont le lieu est évocateur. Ensuite, il s’agit de rendre l’utilisateur actif de son expérience par le choix des différents angles de caméra que propose l’application. Et enfin, permettre le partage entre les résidents. » Steve Roger caresse aussi le souhait de proposer très bientôt cette expérience en milieu carcéral. Un bel exemple de ce qui peut être réalisé quand la technologie se met au service du pouvoir libérateur de l’art.