
L’empreinte des glaciers
Les glaciers sont partout à Zermatt: dévalant au flanc des 38 sommets de 4’000 m ponctuant le paysage, ils enserrent presque intégralement la station nichée au fond de sa vallée. On y skie, jusqu’au cœur de l’été.
Pas moins de 22 glaciers entourent Zermatt. Des petits. Des grands. Un très grand: le Gorner Gletscher. De la terrasse ensoleillée surplombant la gare du Gornergrat, à 3’131 m (et 33 minutes de petit train rouge de Zermatt), le regard plonge vers les sinuosités de son large sillon blanc, enveloppant comme une écharpe majestueuse les épaules solides du massif du Mont-Rose — Gorner Gletscher proprement dit à gauche, Grenz Gletscher désormais dominant à droite. Parfois, la brume envahit la vallée, la gommant au regard, avant qu’un coup de vent ne lève le voile. Étiré sur plus de 12 km, large de 1,5 km au maximum, le glacier du Gorner est le 3e de Suisse par la longueur et le 2e par la superficie (53km2 en 2010). Comme un fleuve avale les rivières, il attire à lui plusieurs autres langues de glace nées sur le flanc du Breithorn. Le Trifji Gletscher et l’Unterer Theodul Gletscher le rejoignaient aussi, jadis, mais la jonction ne se fait plus, en raison du réchauffement climatique. Perdant en moyenne 30 m par an (avec un record de 290 m en 2008), le Gorner n’est pas le plus mal loti des glaciers alpins, même s’il s’est retiré de près de 3 km depuis le pic du petit âge glaciaire vers 1860 — époque où les séracs, conquérants, engloutissaient l’alpage d’Im Boden… Idem, à l’ouest, pour les glaciers de Furg et de Théodule (où l’on skie toute l’année), bien raccourcis eux aussi. En fait, grâce à son altitude élevée, Zermatt s’en sort plutôt mieux que le reste des Alpes: ses plus grands glaciers, puissants, résistent encore. Le futur est plus incertain. Une étude de l’Académie suisse des sciences naturelles publiée en octobre 2019 a encore conclu à une perte de volume de 10% de l’ensemble des glaciers suisses en seulement 5 ans. D’ici 2100, les deux tiers des masses glaciaires alpines devraient avoir disparu (90% dans les scénarios les plus pessimistes), entraînant des modifications radicales pour les écosystèmes et les hommes qui vivent à leur pied.