Entretien avec Nicolas Féraud

Président de Crans-Montana

Texte
Claude Hervé-Bazin
Copyright
Commune de Crans-Montana
Parution
Hiver 2025-2026

Il est des postes qui offrent de vastes horizons. Président du Conseil communal de Crans-Montana, Nicolas Féraud bénéficie d’un point de vue incomparable sur l’économie, le tourisme, la culture et les sports du Haut-Plateau — domaines intimement liés dans une même dynamique productive. Rencontre au sommet.

Crans-Montana fait partie de ces lieux rares, où l’on a pour ainsi dire inventé le tourisme et les loisirs. Plus d’un siècle d’expérience, ça compte ! Mais si la villégiature et la santé ont construit sa réputation, la station et ses partenaires du Haut-Plateau, Icogne et Lens, réunis dans l’ACCM (Association des Communes de Crans-Montana), voient plus loin. Le mouvement, initié au début des années 2000, a un but : devenir un pôle économique à portée internationale. Une dynamique visant une haute qualité de vie, soutenue par l’arrivée récente du numéro un mondial des sports d’hiver, Vail Resorts, nouveau propriétaire des remontées mécaniques.

Nicolas Féraud, en quoi Crans-Montana se singularise-t-elle?
Crans-Montana offre tous les services d’une ville, mais avec le plaisir de trouver la nature sur le pas de sa porte, grâce à un grand « terrain de jeu » très accessible étalé entre 1’500 et 3’000 m d’altitude, baigné de soleil presque toute l’année, des lacs, trois parcours de golf, un large réseau d’itinéraires de randonnée et de bike et notre grandiose panorama ! La station combine ainsi vie urbaine et environnement, avec une riche offre culturelle, des événements sportifs de portée internationale (offrant autant de vitrines prestigieuses) ainsi que, bien sûr, une multitude de loisirs, ski et golf en tête.

Pourriez-vous nous présenter les grands enjeux économiques du Haut-Plateau?
La Stratégie de développement intercommunal de l’ACCM définit la vision d’ici 2030. Si le tourisme constitue notre activité fondatrice, essentielle à notre image, dépasser la monoculture qui a prévalu jusqu’au début du XXIe siècle est l’un des objectifs. Dès 2018, on constatait que l’enseignement crée le plus de valeur ajoutée brute. Suivent santé, commerce de détail et activités immobilières. Aujourd’hui, Crans-Montana présente un profil économique qui correspond à celui d’une petite ville — mais d’une ville à la montagne. Nous souhaitons attirer toujours plus d’habitants à l’année, et cela passe par la création d’emplois qui ne sont pas liés à la saisonnalité du tourisme. Ce dernier reste néanmoins fondamental, avec un relatif équilibre entre l’hiver et l’été, un fort soutien des collectivités publiques et 2 millions de francs investis annuellement pour soutenir près de 90 manifestations. Le tourisme apporte des infrastructures de loisirs et de bien-être qui contribuent à rendre notre région attractive pour ses résidents, et plus une destination est vivante douze mois sur douze, plus elle intéresse les touristes. Un cercle vertueux.

Quels sont les principaux marchés de Crans-Montana en terme de tourisme ?
Notre clientèle est à 80 % suisse. Italie, France, Allemagne, Benelux et Royaume-Uni sont nos marchés étrangers les plus importants, avec aussi un fort potentiel de l’Amérique dans son ensemble et du Moyen-Orient.

Pourriez-vous nous parler des objectifs à moyen et long termes de Crans-Montana ? 
Selon la Stratégie de développement intercommunal, nous voulons faire de la région « un modèle national et international en matière de bien-être et de développement durable harmonieux et coordonné (économie, social, nature) ».

Nous cherchons ainsi à développer les secteurs à fort potentiel anticyclique et en croissance : la santé, l’éducation (nous avons plusieurs écoles internationales) et les technologies. Depuis plusieurs années, nos délégués à l’économie démarchent bien au-delà de nos frontières, favorisant l’installation chez nous de talents qui créent des emplois et favorisent l’activité locale. C’est le cas de start-ups, mais aussi de grands groupes de l’hôtellerie.

Socialement, notre rôle est de redimensionner les services publics pour correspondre à notre croissance, particulièrement en ce qui concerne la gestion de l’approvisionnement en eau, un gros dossier. Nous développons et modernisons les infrastructures pour tous.

Parallèlement, nous avons créé le programme « Crans-Montana s’engage pour la durabilité », attentif à la biodiversité. Nous avons un énorme potentiel pour le développement d’énergies renouvelables avec le solaire, mais aussi le bois de nos forêts. Nous cherchons aussi à mettre en avant les transports en commun, avec l’atout du funiculaire, totalement rénové, qui relie Crans-Montana à Sierre en 13 minutes. Et nous soutenons la mise en place de circuits courts mettant en valeur des produits du terroir.

Que représente l’arrivée de Vail Resorts pour la station ?
Hormis les investissements déjà annoncés (30 millions), Vail Resorts apporte une professionnalisation et une nouvelle énergie au domaine skiable, ce qui aura un impact positif sur l’ensemble de la structure économique de la région. Le groupe américain a une stratégie claire et à long terme. À travers l’Epic Pass, un nouveau marché s’ouvre à nous, avec un accès à ses 2,2 millions de détenteurs. Cela représente une très grande visibilité pour Crans-Montana et un atout marketing indéniable.

Et pour le futur?
En ce moment, notre projet phare est la préparation des Championnats du monde de ski alpin 2027 et du stade d’arrivée — un projet multifonctions, utile été comme hiver. Et puis il y a des idées un peu folles auxquelles nous rêvons, comme une liaison câblée par-dessus le glacier de la Plaine-Morte pour rejoindre La Lenk, dans le canton de Berne.