Des pistes plein soleil
Crans-Montana, Meilleur domaine skiable de Suisse romande 2024
À Crans-Montana, on a le ski dans le sang. C’est ici, sur le balcon naturel du Haut-Plateau, que fut organisée en janvier 1911 la première course du monde, à l’initiative d’un Britannique. Depuis, on dévale les pentes sans discontinuer, avec vue sur les Alpes, à 180°.
Lorsque le premier téléphérique dépose les skieurs les plus matinaux face à la Plaine Morte, le vaste glacier, blotti sous sa couverture hivernale, s’éveille souvent à peine des brumes, entortillées encore en drapés de coton. Le soleil n’est pas long à s’imposer : avec 300 jours de présence à l’année, Crans-Montana s’arroge le record de Suisse en la matière. Sous les yeux, des pentes dument blanchies de poudre dévalent en courbes onctueuses vers le gouffre invisible du sillon rhodanien, tapis dans l’ombre du jour naissant.
De 1’510 à 2’927 m d’altitude, le domaine s’étale sur le versant nord du Valais, juste en contrebas de la Plaine Morte et d’une trilogie de sommets franchissant allégrement les 3’000 m, Wildstrubel en tête. Voilà un versant béni des dieux, tourné comme une fleur au soleil. En vis-à-vis, les Alpes valaisannes multiplient les 4’000 : Bishorn au premier plan, Weisshorn, Zinalrothorn et immanquable Cervin en léger retrait. Un sacré voisinage — sans oublier, plus à l’ouest, le Grand Combin et, au-delà encore, l’insaisissable mont Blanc. Tous les plus hauts sommets des Alpes, ou presque, réunis en un coup d’œil magistral.
Une glisse pour tous
Voilà Crans, si chic, QG de la gastronomie et de l’hôtellerie de luxe. Montana-Village, central et plus familial. Aminona, en retrait de l’animation. À chaque base son ambiance. D’où que l’on s’élève, l’arsenal des remontées mécaniques converge vers les mêmes pentes joyeusement exposées au Sud. Quelque 140 km de pistes soignées, en majorité bleues et rouges (89 % du total), y drainent les amateurs de glisse. Les casual skiers apprécient les grands boulevards blancs entrelacés d’itinéraires plus joueurs, les bars d’altitude, les buvettes, restos et cabanes gastronomiques (une vingtaine en tout !), où l’on bronze en terrasse entre deux descentes haletantes. Pendant ce temps, à Arnouva, desservi par une télécabine gratuite, les enfants font leurs premiers virages entre tapis roulants et tire-fesses. Bientôt, ils redescendront tranquillement vers Crans par une bleue pas trop exigeante.
Et une juste dose d’adrénaline
À l’autre bout du spectre, la noire Chetseron, ungroomed pour le fun, secoue bien les cuisses. Quant au long toboggan de la Kandahar, partie du toit du monde montanais (la Plaine Morte), elle prend rapidement de la vitesse au fil de crêtes aériennes, laissant sur sa gauche le glacier pour dévaler en larges rubans, dans une ambiance de haute montagne. Plus bas, il y a la forêt, refuge des freeriders les jours blancs. Et, juste au pied de Cry d’Er, l’un des plus remarquables snowparks de Suisse (100’000 m2 !), regroupant de nombreux rails, jumps XXL shapés au laser, et l’unique halfpipe olympique des Alpes valaisannes. En prime : le Cry d’Er Club d’altitude, lieu de toutes les fêtes, poste d’observation tout désigné pour suivre du regard les tricks des meilleurs freestylers, avant de se lancer à son tour.
Il faut aussi tâter des grands runs de compétition. La piste du Mont Lachaux, qui voit rituellement se dérouler le super-G de la Coupe du Monde féminine — avec ses trois sauts, sa face culminant à 53 % de déclivité (pour 120 km/h) et son très retord « trou du renard »… L’incontournable Nationale, aussi, autre favorite des big events, qui retrouve cet hiver les descendeurs et les adeptes du super-G (les 22 et 23 février). En 2027, elle accueillera même l’ensemble des épreuves masculines et le super-G dames des Championnats du Monde de ski alpin FIS. Quarante ans tout juste après les mythiques épreuves de 1987, gravées dans la mémoire locale.