
Bol d’Or Mirabaud
Le laboratoire de la voile
Lancé en 1939 avec 26 participants, le Bol d’Or Mirabaud est devenu la principale régate au monde disputée sur un plan d’eau fermé, réunissant plus de 400 compétiteurs, dont certains des meilleurs marins de la planète. En 85 ans, la course s’est imposée comme un laboratoire d’innovations technologiques.
Compétition pour les uns, le Bol d’Or Mirabaud est aussi, et surtout, une fête pour les centaines d’équipiers qui le disputent chaque année, à la mi-juin. Certains voiliers se rendent célèbres par leur élégance, leurs bois vernis et leurs cuivres lustrés ; d’autres par leurs faits d’armes et leur haut niveau de technicité. Organisé par la Société Nautique de Genève depuis 1939, le Bol d’Or Mirabaud doit beaucoup aux grandes familles de la région, qui rivalisent depuis longtemps d’ingéniosité et de technologie pour tenter de l’emporter. C’est d’ailleurs à l’un de ses représentants, l’homme d’affaires et philanthrope Ernesto Bertarelli, tombé dans les eaux du lac dès son enfance, que l’on doit la révolution de la voile suisse. Lorsqu’il s’investit dans l’aventure Alinghi au cours des années 1990, sans doute ne mesure-t-il pas encore lui-même comment la double victoire du syndicat lors de l’America’s Cup (2003, 2007) va propulser la Suisse parmi les nations de tête de la voile mondiale. Dès l’origine, la passion des élites économiques genevoises et vaudoises pour la discipline favorise l’émergence de talents. Ainsi de Louis Noverraz, barreur de la famille Firmenich, qui s’impose comme l’un des premiers grands régatiers de l’histoire du Léman. Les fortunes bien établies des rives permettent l’émergence d’une architecture navale ambitieuse, à l’image de celle d’Henri Copponex.
La course à l’heure planétaire
Si le Bol d’Or Mirabaud réunit d’abord des voiliers destinés à briller dans les courses de jauge internationale, il voit de nouveaux projets se dessiner dans les années 1970, à l’initiative d’architectes de la région souvent autodidactes, bien établis sur les rives du lac. Leur objectif principal : remporter LA grande course. L’histoire s’accélère, le sponsoring entre en jeu, les voiliers et les clubs se parent des couleurs de leurs commanditaires, de nouveaux projets toujours plus ambitieux voient le jour… Les représentants des grandes familles historiques ne sont cependant plus les seuls à jouer : le sport se démocratise et permet à un nombre toujours plus important de jeunes de découvrir la voile et la compétition, à travers le prisme unique de la culture lémanique. Les rives du Léman se transforment plus que jamais en un laboratoire de recherche, dont émergent des voiliers novateurs, des techniques nouvelles, des matériaux inédits. On y teste et développe les techniques de construction en fibre de carbone, les voiliers à foils, les quilles basculantes, les voiles rigides ou les mâts-ailes avec une fréquence, une durabilité et une passion uniques au monde. Les multicoques conquièrent le Léman dès le début des années 1980, grâce à l’attrait exercé par le Bol, favorisant des innovations que l’on retrouvera ensuite en mer. L’épreuve séduit désormais bien au-delà des frontières. Éric Tabarly, Dennis Conner, Russell Coutts, Ellen MacArthur, Loïck Peyron, Michel Desjoyeaux et tant d’autres contribuent au rayonnement international de l’épreuve.
Le Bol innove encore
En 2024, les organisateurs du Bol d’Or Mirabaud font une nouvelle fois office de pionniers à l’échelle internationale, en intégrant à l’épreuve deux nouveaux challenges : le Bol de Basalte, remis au premier des multicoques archimédiens, et le Bol de Carbone, qui récompense le meilleur foiler. Cette innovation est destinée à préserver l’attrait des classes préexistantes tout en encourageant le développement de nouveaux voiliers, quel que soit leur type. Et c’est bien là l’essentiel : préserver cette passion et cet engouement qui ont permis au Bol d’Or Mirabaud de s’affirmer comme une course star, propulsée sur le devant de la scène par la belle santé économique de la région lémanique, l’esprit d’entreprendre de ses résidents, la passion de la haute technologie et la splendeur du plan d’eau.