Le Haut Val de Bagnes

Sous l’œil des chamois

Texte
Claude HERVE-BAZIN
Copyright
Valais Tourisme
Parution
été 2021

En amont du val de Bagnes, les habitations s’effacent au profit des forêts de mélèzes puis des pentes raides entrecoupées d’éboulis et coiffées de sommets brutaux. Dans ce pays sauvage et magnifique, serpente le Sentier des Chamois. Des heures durant, on y marche le regard rivé sur la blancheur glacée du massif des Combins.

L’aube estivale, suspendue entre fraîcheur nocturne et promesse de chaleur, pointe doucement son nez. Cheminant au flanc d’un coteau raide, le ventre vide du val de Bagnes, encore empli d’ombres profondes, semble un insondable no man’s land. Mais bientôt, surgissant de derrière les barrières montagneuses, depuis l’est lointain, les premiers rayons accrochent les crêtes, exposant des parois nues au seul vêtement de lichens. Là-haut, sur un promontoire, une silhouette unique se découpe sur le bleu qui s’affirme: un chamois.

 

Cette grande réserve naturelle de 150 km2, créée en 1968 échappe bien souvent au regard des vacanciers obnubilés par les stars panoramiques de la station de Verbier — Mont-Fort en tête. Là, pourtant, se cache un pays authentique et tranquille de montagnes inchangées, où l’on croise encore chamois, bouquetins (réintroduits dès 1926) et marmottes.

 

Le Sentier des Chamois

Griffant les hautes pentes nord du val, le Sentier des Chamois relie, en 5 à 6 h de marche (13 km), La Chaux (rejointe par la télécabine) au charmant village de Fionnay. Plus qu’une promenade de santé, voilà une vraie randonnée, déroulée entre deux massifs incontournables: le Mont-Fort au-dessus, les Combins en face.

 

Le chemin descend d’abord jusqu’au Mintset par l’ancien bisse, avant de remonter par Crêta d’Inyé et la Perraire. Rien de compliqué: il suffit de suivre les balises blanc-rouge-blanc. Dès le départ, certains optent pour une variante par la cabane du Mont-Fort (2 457 m) et les marais de Patiefray. L’occasion de faire une halte matinale dans cet incontournable refuge aux lourds murs de pierre brute, et de voir, en début d’été, les douces touffes blanches de soies des linaigrettes danser dans le vent léger des terres humides. Mais là, attention, le parcours de liaison, dangereux en raison d’un risque élevé d’éboulements, est désormais balisé en bleu.

 

Très vite, le regard est happé par une autre tache étincelante: celle du versant nord du Grand Combin, tapissée des séracs fracturés du glacier de Corbassière et d’épais tapis de neige meringués. Il s’agit pourtant de bien regarder où l’on met les pieds. Le sentier traverse des pentes herbeuses ou d’éboulis raides l’exigent. Suit une longue remontée vers le col de Termin (2 648 m), dans un cadre de plus en plus minéral. Le silence y règne, entrecoupé par le roulement sourd de pierres projetées par des bouquetins inconscients. L’approche, sans être périlleuse, est vertigineuse; des chaînes aident à franchir deux passages aériens.

 

Tout juste en contrebas, une large tache verte émeraude se dessine au creux d’une combe rocheuse. Voici l’oasis du lac de Louvie (2 250 m) et, en léger surplomb, la terrasse ensoleillée de sa cabane. Une escale de choix pour passer la nuit, les yeux rivés sur le Grand Combin. Restent 2h à solliciter les genoux pour la raide descente finale jusqu’à Fionnay (1 489 m).


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