
Valérie Messika
Le diamant en toute simplicité
Pour Valérie Messika, le diamant, c’est une histoire de famille. Toute petite déjà, elle jouait à manipuler des pierres précieuses, s’amusant à les identifier sous le regard de son père, acteur en vue du négoce de diamants. De cette relation ludique et entièrement décomplexée est née une philosophie à l’opposé de l’hyper-traditionalisme en vigueur dans le milieu. Valérie veut rompre l’image du diamant-occasion, enchâssé sur la bague de fiançailles ou l’alliance. Pour elle, les diamants doivent être portés au quotidien, aussi bien avec un jean qu’avec une tenue de soirée.
En 2005, Valérie crée la marque Messika. Sa spécialité: le diamant, différemment. Dans ses créations, caractère ludique et légèreté se mêlent. Les diamants bougent, en liberté, coulissant au cœur d’un bracelet, d’une bague, sur un pendentif. Les structures se font discrètes, laissant tous les honneurs aux gemmes. Plus encore, ses bijoux suivent le mouvement et s’adaptent au pouls de leur propriétaire. Dans ses collections, Valérie Messika veut de la fluidité, des créations à fleur de peau, des bijoux-tatouages, dont on oublie la présence. Elle mélange les genres et étonne, réalisant des œuvres d’art qui s’apparentent à des étoffes de diamants, souples, légères. Le pari est réussi, le succès au rendez-vous. Valérie Messika a su créer et imposer son style, en faisant ce qui lui ressemble tout en restant fidèle au diamant, inscrit dans ses gènes. Rencontre avec une femme d’affaires aux multiples facettes.
Avec Messika, vous avez voulu donner un côté plus rock au diamant. Est-ce un trait de votre personnalité?
Les gens qui travaillent avec moi me disent souvent que la marque me ressemble. Au début de l’aventure Messika, j’ai fait des choix et pris des orientations en rupture avec le paysage traditionnel du diamant. Maintenant, je fais ce que j’adore. J’ai la chance d’avoir un travail-passion, qui m’autorise beaucoup de liberté.
J’ai avec le diamant un lien particulier, très émotionnel. Tout cela remonte à mon enfance, en lien avec ma famille. Petite, je jouais avec les diamants aux côtés de mon papa. La notion de mouvement est primordiale à mes yeux. J’avais envie de faire sortir le diamant de son carcan, de le libérer des moments très sacralisés qui l’enfermaient. Tout en lui conservant son aura, puisqu’il s’agit de la plus belle des pierres. C’est ainsi qu’est né Messika.
Vos créations se portent comme une seconde peau, de manière fluide, hyper confortable. Qu’est-ce qui guide vos choix créatifs?
L’idée de base se retrouve dans toutes les créations Messika: il faut donner de la légèreté au diamant, de manière à pouvoir le porter tous les jours. Prenons un exemple. La rivière de diamants est à la joaillerie ce que la petite robe noire est à la mode: un incontournable du dressing joaillier. Notre défi a été de la rendre portable en toutes occasions. Nous l’avons revisitée pour obtenir un bijou qui colle à la peau, dans l’esprit du tatouage, et qui suit les mouvements. Nous avons utilisé des petits diamants et avons développé une structure très fine munie de ressorts. Une règle de base pour moi est que la structure doit disparaître au profit des pierres. Plus d’un an de développement a été nécessaire pour aboutir à ce résultat: des bijoux à fleur de peau, devenus notre marque de fabrique.
Dans la ligne Messika Emotion, on découvre un petit diamant pampille accroché à une bague…
Ça me fait plaisir que vous me parliez de cette collection, car ce n’est pas celle que nous mettons le plus en avant. Elle est disponible uniquement dans les boutiques Messika, donc nous en parlons moins. En fait, tout est lié au mouvement: comme il n’était pas possible de faire bouger le diamant sur un solitaire, j’ai voulu y ajouter une pampille qui, elle, bouge et accompagne la gestuelle de sa propriétaire. C’est un détail intime, qu’elle seule verra et appréciera. Comme une signature.
Vous semblez accorder une grande importance aux symboles, être très sensible aux émotions…
En effet, je suis une personne émotive, sensible. Les symboles me parlent beaucoup. J’aime les détails, qui m’émerveillent. Il y a quelques années, nous avons créé un écrin lumineux. Je me suis inspirée de ma propre expérience, quand mon ex-mari m’a demandée en mariage sur la plage, de nuit, et qu’il m’avait mis une lampe sur la tête pour voir ce qu’il y avait dans l’écrin. Ce moment à forte portée symbolique m’a donné envie de concevoir un écrin un peu particulier, qui met les diamants en valeur et qui permet aux hommes en rupture d’idées romantiques de se montrer ingénieux. Il n’y a pas d’heure ni de lieu pour offrir un diamant, tel est le message que nous voulions faire passer.
Vous êtes une femme d’affaires et la maman de deux petites filles. Comment parvenez-vous à tout concilier?
J’ai la chance d’adorer mon métier, qui est aussi ma passion. Je voyage beaucoup, c’est vrai, mais j’essaie d’avoir une organisation rigoureuse – un défi d’autant plus grand que je ne suis pas très organisée à la base…Heureusement, je suis bien entourée, notamment par mon assistante, qui m’aide énormément. Chez nous, famille et travail sont indissociables: c’est un avantage. Je travaille avec mon mari, mon cousin. Ensemble, c’est plus facile.
Comment faites-vous pour déconnecter du travail? Êtes-vous sportive?
Je fais de la course à pied, de la natation. Souvent dans la souffrance, mais j’y trouve une sensation de communion avec la nature. Je cours régulièrement sur les quais de Paris. Là, je mets tout sur pause. Les choses s’arrêtent et je prends le temps de souffler. Je me promène aussi beaucoup dans les bois. Les couleurs m’inspirent. Je fais attention à des détails que je ne remarque pas dans la vie active. Je skie aussi un peu. Je ne suis pas une grande skieuse mais j’adore ça. Je skie pour le plaisir, pas pour la performance. J’aime la sensation de glisse, d’altitude. De manière générale, la liberté m’inspire. Hors des contraintes professionnelles, des soucis de maman, les idées viennent plus facilement.