Vague de fond à Sion

Surf en bassin fermé à Alaïa Bay

Texte
Laurent Grabet
Copyright
Alaïa Bay | Mike Wolf
Parution
Hiver 2023-2024

Inauguré au printemps 2021 dans la vallée du Rhône, au milieu d’un aréopage exceptionnel de montagnes, le complexe Alaïa Bay et ses vagues artificielles cartonnent auprès des amateurs de surf. L’initiateur de ce projet un peu fou, Adam Bonvin, nous en dit plus.

« Soit je partais vivre là où il y a des vagues, soit je les ramenais en Valais ! Assez égoïstement, j’ai préféré faire en sorte de pouvoir surfer à la maison… » Voilà comment Adam Bonvin, enfant de Crans-Montana passionné de surf depuis l’âge de 11 ans, résume Alaïa Bay. Ce rêve un peu fou, fruit d’un investissement colossal de plus de 20 millions de francs, est devenu réalité en mai 2021 au Domaine des Iles, à Sion. Depuis, 46 puissants moteurs y génèrent chaque heure entre 300 et 1’000 vagues pouvant atteindre 1,80 m de hauteur, dans un bassin de la superficie d’un terrain de football (8’300 m2). Au menu, pas moins de 20 types de vagues différents, dont des tubes !

Pas plus d’une dizaine de piscines comparables existent à travers le monde, dont une privatisée par la légende du surf Kelly Slater, du côté de Los Angeles… Cinq emploient la même technologie « Wavegarden Cove », mise au point au pays basque espagnol il y a une quinzaine d’années. Celle de Sion est la première en Europe continentale. « La seconde d’Europe après Bristol » précise Adam.

Une discipline en plein boom
Même en Suisse, pays de montagnes s’il en est, le potentiel est là. « Les Suisses sont culturellement très familiers de la glisse grâce au ski et au snowboard et ils font généralement de très bons surfeurs débutants », relève le jeune entrepreneur valaisan, tout juste âgé de 28 ans — également à l’origine d’Alaïa Chalet, un centre dédié aux sports d’action (skateboard, snowboard, ski, BMX…) implanté sur la route de Crans-Montana, et de l’Alaïa Lodge, en station, pensé pour les sportifs de tous poils.

L’Office fédéral de la statistique confirme : le surf, déjà pratiqué par quelque 45’000 résidents, est l’un des sports qui enregistrent la plus forte croissance dans le pays. L’objectif initial d’Alaïa Bay de 100’000 sessions par an n’avait donc rien d’irréaliste : le nombre d’entrées a d’ailleurs doublé en 2022 !

« On reçoit tous les types de clients, des enfants aux retraités. Cela dit, notre profil type a 35 ans et plus, est passionné de surf mais manque de temps pour pratiquer. Chez nous, il peut s’y remettre facilement en s’épargnant un voyage » — argument massue en ces temps de crise écologique.

À Alaïa Bay, on surfe du printemps à l’automne, de mars à mi-novembre. Au fil de la journée, pas moins de 8 niveaux de sessions (d’1 heure) sont proposés — à choisir par un autotest en ligne —, sur des vagues de 80 cm à 1,80 m, en versions surf, longboard ou bodyboard. Pas doué ? Alaïa Bay propose des cours, des sessions débutant et des camps. Vous n’avez pas de matériel ? Peu importe. Le surfshop maison dispose de planches, combinaisons, chaussons et même cagoules pour les début et fin de saison, lorsque l’eau — non chauffée — plonge vers les 10°C.

Une régularité de montre suisse
Adam Bonvin s’enthousiasme. « Techniquement, ici, on pratique le même surf que sur les océans. Sauf qu’on est assuré de pouvoir surfer 15 vagues par heure (dès 109 francs) ! En quelques mois après l’ouverture, j’ai ainsi réussi à surfer 5’000 vagues à Alaïa Bay. Combien de décennies aurait-il fallu pour atteindre un tel chiffre en conditions naturelles ? » Question rhétorique à laquelle les habitués d’Alaïa Bay ont une réponse toute trouvée : trop ! Résultat, les progrès sont spectaculaires. « Nos clients s’étonnent souvent d’atteindre un niveau plus élevé que jamais ! » constate Adam.

En deux ans, Alaïa a vu pas mal de pros venir s’entraîner : ici, c’est vagues techniques et conditions parfaites assurées d’une simple pression sur un bouton… « Le champion hawaïen Ezekiel Lau a beaucoup insisté pour venir surfer chez nous après une journée de snowboard, se souvient Adam. C’était un rêve pour lui d’enchaîner les deux disciplines. Croyez-le ou non, c’est à Alaïa Bay que sa copine a surfé son premier tube ! » La légende californienne Rob Machado, comme Jérémy Florès, surfeur français le plus titré de tous les temps, se sont aussi fendus d’une visite. En attendant peut-être la gloire, un jour, beaucoup de jeunes Suisses reviennent, encore et encore. Le niveau de cette nouvelle génération progresse de manière spectaculaire… des prosurfers suisses, bientôt ?

Un tel complexe pourrait sembler bien éloigné de l’écologique air du temps. Pour Adam Bonvin, c’est tout le contraire. « Alaïa Bay consomme 1 KWh par vague en moyenne, pas plus qu’un télésiège six places, et est alimenté en hydroélectricité locale. Nos 13’000 m3 d’eau ne sont pas chauffés et notre bilan carbone est probablement bénéficiaire dans la mesure où notre présence en Suisse évite de nombreux surf trips bien plus lointains… », répond le Valaisan.

alaiabay.ch