Rencontre avec Christophe Maret

Président de la Commune de Val de Bagnes

Texte
Claude Hervé-Bazin
Copyright
Valérie Moulin | Raphaël Surmont
Parution
Hiver 2023-2024

En 2021, Bagnes et Vollèges fusionnaient pour former la commune de Val de Bagnes — regroupant 25 villages et hameaux au fort caractère, dont Verbier. À sa tête, Christophe Maret dévoile les enjeux majeurs de la politique locale, ses défis et devoirs.

Étendue sur 302 km2, elle est l’une des plus grandes de Suisse, plus vaste encore que les cantons de Zoug, Genève et même Schaffhouse ! La commune de Val de Bagnes, cernée de pics et sommets altiers, épouse le cœur des Alpes valaisannes, du Grand Combin (4’314 m) au Mont-Fort (3’330 m) et jusqu’à la frontière italienne, en amont du barrage et du lac de Mauvoisin. Un territoire aussi enlevé que sauvage, devenu un vaste terrain de jeu.

Un masterplan à 10 ans
Les chiffres sont formels. Si l’agriculture conserve une place importante aux côtés de l’énergie (hydraulique), « le tourisme est le moteur de notre économie », souligne le Président Maret. Il favorise en outre la construction et « permet d’investir et développer d’autres secteurs d’activités ». L’enjeu est donc de taille, dans un contexte de concurrence exacerbée. L’attrait hivernal de la destination — et de Verbier en particulier — n’est plus à démontrer : 70 % des visiteurs choisissent cette période. Reste à travailler le reste du calendrier. L’enjeu est défini dans le Masterplan en cours d’élaboration : « devenir une référence des destinations de montagne du tourisme durable 4 saisons ».

Parmi les principaux projets concrets déjà validés, figurent notamment le développement accru du bike, le remaniement complet (en cours) du centre sportif de Verbier après un incendie partiel, le financement de la culture, ainsi que l’aménagement d’une retenue collinaire à La Chaux pour garantir l’approvisionnement en eau de Verbier et l’enneigement artificiel. Le bassin ainsi formé devrait en outre endosser un rôle touristique.

Les grandes questions à l’ordre du jour
Changements écologiques, évolution démographique, développement de la digitalisation et de la mobilité, qualité de l’expérience des visiteurs mais aussi qualité de vie des habitants et mise en avant de l’économie locale, tous les aspects de l’équation sont étudiés et soupesés.

Dès 2021, l’écologie s’est invitée dans le plan de législature de la commune, à travers, notamment, la nomination d’une déléguée au développement durable — chargée de superviser les projets, tant internes qu’externes. Diverses mesures ont été adoptées : abandon des pesticides en bord de route et décalage des fauchages pour préserver la biodiversité, éradication des espèces invasives, création d’un fonds d’entretien durable des forêts, adoption de repas scolaires à base de produits locaux, inauguration d’un nouveau centre de tri et recyclage, etc. La commune a aussi contribué à financer Blue Ark (blueark.ch), un pôle d’innovation spécialisé dans la gestion durable de l’eau et des ressources naturelles, qui travaille aussi à améliorer l’efficience des systèmes de production et de consommation d’énergie. Le sujet est particulièrement prégnant pour la commune, qui doit gérer l’explosion de la fréquentation au cœur de la saison hivernale — la population du territoire étant alors multipliée par cinq, atteignant environ 50’000 personnes. « Il faut que cela tourne, et ça tourne ! » souligne Christophe Maret.

Autre sujet majeur : la politique immobilière. Édifices nouveaux, superchalets et rénovations ont fait les beaux jours du secteur de la construction ces dernières années. L’idée d’une pause a émergé, renforcée par la récente révision de la Loi d’Aménagement du Territoire, qui ambitionne de mieux garantir « l’utilisation mesurée du sol ». Pour autant, constate Christophe Maret, « les études prédisent une augmentation d’environ 20 % de la population, correspondant à quelque 600 nouveaux logements ». Sécurité, stabilité, santé, services (sans oublier l’attractivité fiscale pour les étrangers), les raisons de s’installer dans le val de Bagnes, à l’abri des fureurs du monde, sont de plus en plus nombreuses.

Un modèle pour le futur?
L’épisode covid a souligné, ici plus qu’ailleurs encore, l’attractivité d’un cadre naturel préservé. Nombre de visiteurs habituels (à fort pouvoir d’achat) et de nomades digitaux ont franchi le pas, faisant de Verbier ou de l’une de ses stations-sœurs leur base de travail décentralisée. « Il est tout à fait possible de travailler à distance, à la montagne, et jouir ainsi d’une excellente qualité de vie » souligne le Président Maret. Une bonne nouvelle pour l’économie locale. Les services destinés à ces publics n’ont d’ailleurs eu de cesse de se renforcer (banques privées, espaces de co-working, etc.). L’office de tourisme poursuit lui aussi activement la promotion sur cet axe avec, cet automne, un event organisé dans la capitale anglaise autour du télétravail, embarquant musiciens, chefs, sommeliers, hôteliers et… fromages de Bagnes, bien sûr !

Juste après la clientèle nationale, la Grande-Bretagne est et demeure le marché n°1 du Val de Bagnes, représentant le quart des visiteurs. Suivent loin derrière la France (9 %) et le Benelux (8 %) puis, à égalité (6 %), la Scandinavie et l’Amérique du Nord (USA et Canada). Si, au terme de l’année 2022, les chiffres de fréquentation n’avaient pas encore tout à fait rattrapé ceux de 2019 — année record — ils sont en passe de le faire en 2023.

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