POC

La marque suédoise qui fait rimer sécurité et design

Texte
Laurent Grabet
Copyright
POC
Parution
Décembre 2021

C’est en regardant ses fils filer comme l’éclair dans un slalom que l’idée a germé dans l’esprit du fondateur de Poc. Son vœu : bien protéger leur tête en faisant appel aux meilleurs matériaux, mais sans leur imposer d’accoutrement ridicule… Nous vous racontons cette saga de l’intérieur.

Aujourd’hui en constant essor, Poc Sports écoule plus de 500’000 casques par an dans une cinquantaine de pays, États-Unis et nations de l’arc alpin en tête… L’entreprise est pourtant née d’un simple concours de circonstances. En 2003, Stefan Ytterborn accompagne ses fils à leur entraînement de ski. À même pas dix ans, les garnements filent à des vitesses impressionnantes. L’inquiétude le dispute rapidement à la fierté. Et s’ils chutaient en pleine course ? Leurs protections disgracieuses ne semblent guère à la hauteur… Le Suédois, consultant en design de profession, se met alors en tête de concevoir ses propres casques. Avec un objectif en forme d’obsession en tête : « Protéger la vie et réduire les conséquences d’un éventuel accident ».

Stefan Ytterborn s’associe avec Jan Woxing, aujourd’hui creative director de la marque, et avec un ami financier. Le trio analyse en profondeur tous les scénarii de chocs avec un spécialiste en neurologie et divers experts médicaux — donnant naissance au « Poc Lab ». Puis l’équipe établit un cahier des charges précis définissant les caractéristiques d’un excellent casque. « Reste ensuite, dans ce cadre contraignant, à lui donner un maximum de confort, d’aérodynamisme et d’esthétique. C’est une quadrature du cercle que nous abordons toujours avec humilité et esprit d’innovation », résume Oscar Huss, chef produits chez Poc.

La notoriété grâce à Julie Mancuso
En 2005, le Skull comp est testé par plusieurs skieurs pros, dont Julie Mancuso — alors peu connue. L’année suivante, la descendeuse américaine remporte le géant aux JO de Turin, un casque blanc discrètement siglé Poc sur la tête… La marque est lancée. Elle se diversifie rapidement en proposant des lunettes, des masques et des protections dorsales. Pour le ski de piste tout d’abord, puis pour le marché porteur du freeski. « Ensuite, on s’est rendu compte qu’il y avait un potentiel énorme dans les casques et protections pour enfants. Les jeunes skieurs pèsent moins lourd que les adultes et ont un cerveau en pleine maturation. Pour eux, le plus grand risque est d’être percutés à pleine vitesse par un plus âgé », explique Oscar Huss. Forte de ces constatations, l’entreprise conçoit la gamme Pocito, qui renforce drastiquement la visibilité et la résistance aux chocs.

En 2009, la même philosophie permet à Poc d’ajouter une corde à son arc : le mountain bike. « Une évolution logique, tant ces deux sports sont pratiqués dans un même environnement et souvent par les mêmes personnes. » En 2013, l’entreprise suédoise s’attaque au cyclisme sur route. Là encore, la beauté et l’efficacité de ses produits séduisent. Elle ajoute à sa gamme des vêtements fonctionnels et élégants, puis conquiert un important client : EF Education-Nippo, équipe américaine bien connue de l’UCI World Tour. Résultat, le cyclisme représente aujourd’hui 75 % de ses ventes, contre 25 % pour le ski.

Des récompenses à la chaîne
En 2017, Stefan Ytterborn se retire de Poc. Il est remplacé par Jonas Sjogren, qui conduit plus avant l’expansion de l’entreprise. Comptant aujourd’hui 125 employés, celle-ci s’est internationalisée, ouvrant, depuis sa base de Stockholm, des antennes à Park City (Utah), Salzbourg et Christchurch (Nouvelle-Zélande).

Ses produits, principalement fabriqués en Chine, en Italie et au Vietnam, ont raflé une soixantaine de prix, à commencer par le prestigieux Bike industry brand of the year Award, en 2018. Chez Poc, c’est vrai, « innover ! » tient lieu de mantra. La société travaille d’ailleurs actuellement à des verres permettant de différencier plus rapidement la glace de la neige, insère dans ses casques une puce contenant des données d’identification et de santé ou un détecteur Recco de géolocalisation en cas d’accident. Elle collabore même avec Volvo pour intégrer dans l’habitacle des voitures des informations signalant la présence de cyclistes à proximité.

Au fil de son histoire, la marque a collaboré avec plus de 200 sportifs, parmi lesquels les skieurs suisses Marco Odermatt et Michelle Gisin, actuels ambassadeurs. Le covid l’a-t-elle déstabilisée ? Bien au contraire. Les confinements ont renforcé l’envie de grand air et l’entreprise affiche en 2020 une croissance flirtant avec les 25 % — renforcée encore par l’extension du port du casque à la plupart des skieurs et vététistes. Bref, tout va bien. Et même mieux que bien. Et Oscar Huss de conclure : « Je me demande souvent combien de vies nos produits ont sauvées, ou à combien de personnes ils ont donné envie de se mettre au vélo ou au ski ? Un paquet, je pense ! Et c’est là sans doute la plus belle de nos récompenses… »

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