Omega European Masters 2024

Coups de golf, coups de vent, coups de génie

Texte
Hélène Dubraviez
Copyright
Omega | François Panchard
Parution
Hiver 2024-2025

Il fait la fierté de Crans-Montana. Né d’un pâturage dès 1906, réinventé à plusieurs reprises, le parcours Severiano-Ballesteros est à la fois l’un des plus hauts et des plus stimulants d’Europe. Matt Wallace, vainqueur anglais de l’Omega European Masters 2024 au terme d’un tournoi riche de rebondissements, en sait quelque chose.

L’histoire est amusante. Et comme toute bonne histoire de golf, elle met en scène un lord anglais, Arnold Lunn, dûment né aux Indes, alpiniste chevronné, qui lança à la fois le premier parcours de golf du Haut-Plateau (dessiné par des Britanniques) et sa première course de ski alpin, quelques années plus tard. Un gentleman, qui attira en Suisse tout un aréopage de lords en redingote et de ladies en tea gown.

Le parcours s’installe dans le paysage et, vicissitudes de l’histoire mises à part, accueille le tournoi du Swiss Open à partir de 1939. Il n’en repartira plus. Soixante ans plus tard, le légendaire golfeur espagnol Severiano Ballesteros redessine ses fairways, greens et bunkers. Son cahier des charges ? Rendre le 18-trous à la fois plus sélectif pour les professionnels et plus ludique pour les amateurs. La mission est si bien remplie qu’il prend rapidement son nom ! Aujourd’hui réputé comme étant l’un des plus beaux du monde, réunissant en toile de fond les plus célèbres sommets des Alpes, le Severiano-Ballesteros accueille toujours le Swiss Open — devenu Omega European Masters.

Un golf iconique, résume le vainqueur 2024 de l’épreuve, le Britannique Matt Wallace (34 ans), qui s’est entretenu avec helvet. Un golf unique, aussi, où les enfants chaussent les skis une fois l’hiver installé, avec deux téléskis et deux tapis remonte-pente à disposition ! Surprenant ? Pas autant que la Barnes Winter Cup, organisée ces dernières années, sur le parcours Jack Nicklaus enneigé… Le golf à Crans-Montana ? Une vraie histoire d’amour.

Matt Wallace, après vous être incliné en play-off aux Omega European Masters en 2022, vous êtes cette fois sorti vainqueur de l’épreuve. Vos impressions
Les Omega European Masters ont toujours été pour moi une épreuve reine. Bien sûr, j’ai perdu ici il y a deux ans et je voulais me rattraper… Autant dire que la joie était immense lorsque mon putt est entré dans le dernier trou du play-off. Je m’en suis cassé la voix ! J’ai mis un moment à réaliser que j’avais gagné. Raynald Aeschlimann, le CEO d’Omega — un bon ami — m’a mis la veste rouge sur les épaules. J’ai reçu le trophée et, déjà, je m’imaginais en train de déposer la plaque avec ma signature rue du Prado… Ces dernières années, j’ai surtout joué sur le PGA Tour (en Amérique du Nord), avec succès, mais l’émotion était intense de remporter une cinquième victoire en Europe. À Crans, en plus !

Vous avez pris le leadership très tôt, avant de vous faire remonter petit à petit par Johnston et García-Heredia. Qu’est-ce que vous aviez en tête, alors?
Pas facile de gagner ! Je joue bien ces temps-ci et j’étais très satisfait des deux premiers jours, qui m’ont permis de prendre le lead (ndlr : assez largement). Mais le samedi matin, au petit déjeuner, par la fenêtre, j’ai vu les arbres danser dans le vent… Je n’avais jamais joué le Severiano-Ballesteros dans ces conditions. Ça a été difficile mais, au final, j’étais plus satisfait du score de cette journée (73) que de celui de la veille (62) ! Un challenge relevé. Quand il pleut comme ça, je change chemise, chapeau et tout ce que je peux à mi-parcours, ça aide… un peu ! Le dimanche, je voulais essayer de conforter mon avance. Ça ne s’est pas vraiment passé comme ça. Mes adversaires directs ont super bien joué et ont peu à peu remonté, jusqu’au moment où Alfredo a égalisé sur le dernier putt, poussant au play-off. 

Et votre tout dernier birdie?
Pour la première fois de la journée, j’ai pu attaquer. J’étais content de mettre la pression avec un bon coup de départ, puis une bonne approche. Alfredo n’a fait que le par et je me suis dit : ‘c’est le moment’ ! Et, oui, ça l’était. Il ne restait qu’à célébrer !

 Quelques mots sur le Suisse Cédric Gugler, quatrième du tournoi?
Cédric a réalisé une performance exceptionnelle. Il jouait juste devant moi le dimanche et j’entendais la foule l’encourager. À un moment, j’ai été immobilisé sur le 12e trou à cause du brouillard et, soudain, des acclamations ont surgi de nulle part, façon but au foot : c’est Cédric qui venait de réussir le par sur le 13e trou grâce à un long putt. C’était une grosse semaine pour lui, avec une énorme pression à la clé, mais je crois qu’il a tout ce qu’il faut pour faire une belle carrière. Je vais suivre ça de près ! 

Avez-vous souvent joué à Crans-Montana? Que pensez-vous du parcours Severiano-Ballesteros?
C’était ma sixième fois, je crois. La première, en 2017, j’ai tout juste fait le cut. En 2018, une année faste pour moi, avec trois victoires en tournoi, j’ai appris ici-même, en allant au practice, que je n’étais pas sélectionné pour la Ryder Cup… J’y repense souvent quand je passe au même endroit ! Pour ce qui est du parcours, c’est l’un des plus beaux de la planète, c’est sûr, mais qui pousse dans ses retranchements, en obligeant à faire des choix parfois difficiles. Et puis, Crans-Montana, c’est aussi le ski dans ma jeunesse…

Un avis sur l’après-golf à Crans-Montana?
Ah ce fameux dix-neuvième trou… C’est aussi ce qui rend le tournoi ici si spécial. Je dis toujours à ceux que je rencontre, aux quatre coins du monde, qu’il faut venir jouer à Crans — pour cette raison, également. En quelques pas, on se retrouve noyé dans la foule et les restaurants, au cœur de la station. C’est assez unique. J’ai eu la chance de passer des soirées extraordinaires ici à l’Arnouva avec Omega — je suis ambassadeur de la marque depuis deux ans, très honoré de l’être, et j’espère que ça durera encore longtemps ! Sinon, j’ai aussi été invité à l’Hostellerie du Pas de l’Ours. Et je passe toujours à la Parrilla. Cette année, ils ont même laissé un caddie faire les grillades un soir ! Et le dimanche, Christian Barras, du Comité, qui a tant fait pour le tournoi et le golf en Suisse, a gentiment amené les trophées au bar du Postillon pour que tout le monde puisse prendre des photos.

Que vous a apporté votre victoire cet été?
J’avais l’objectif d’intégrer le Top 50 de la Race to Dubai pour m’assurer une participation au DP World Tour Championship. Maintenant que c’est acquis, je me concentre sur l’accumulation de points en vue de la Ryder Cup 2025. Pour cette compétition, chaque semaine, chaque jour, chaque coup compte, et j’aime cette implication. Idéalement, je voudrais réussir à me placer dans le Top 50 mondial et finir dans le Top 30 de la Race to Dubai pour me garantir une place au British Open l’année prochaine.

 Sinon, outre la prize money, ma victoire à Crans m’a valu une toute nouvelle Seamaster Aqua Terra d’Omega. Une délicieuse surprise… je l’ai au poignet, en ce moment même ! Une mécanique splendide et, pour moi, un souvenir que je chérirai longtemps. Par contre, pour l’année prochaine, s’il vous plaît, prévoyez quatre jours de soleil !

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