Le luxe, en toute sincérité

Chopard, une histoire d’entrepreneurs et de valeurs

Texte
Yannick Nardin
Copyright
Chopard
Parution
Hiver 2023-2024

Comme des «happy diamonds» valsant sur un bijou, comme des secondes égrenées sur une montre d’exception, tout un univers gravite et palpite autour de Chopard. Un monde enraciné dans l’excellence, la passion et une éthique forte, cultivées par la famille à la tête de la Maison, les Scheufele.

Parmi les plus grandes maisons horlogères et joaillières, Chopard ne ressemble à aucune autre. Voilà une marque singulière, toujours indépendante et à l’identité multiple, ancrée entre la Suisse et l’Allemagne, entre Genève et le Jura horloger. Son histoire est intimement liée aux origines et aux talents de deux familles. Les Chopard, d’abord, qui fondèrent la manufacture à Sonvilier (BE) en 1860, avant de s’établir dans la Cité de Calvin en 1937. Les Scheufele, ensuite, originaires du Sud-Ouest de l’Allemagne, qui l’acquirent en 1963 et lui ont donné une ampleur nouvelle : modernisation conduite par Karl Scheufele III, puis essor planétaire grâce à ses enfants, Caroline et Karl-Friedrich, déjà vice-Présidents en 1985 puis co-Présidents depuis 2001, aux impulsions parfois visionnaires.

En charge du pôle horloger, Karl-Friedrich a ainsi choisi d’intégrer à l’entreprise la fabrication de mouvements, envers et contre la tendance en vogue dans l’industrie. Investi très tôt dans la manufacture, dont il a dessiné la première montre sportive à l’âge de 22 ans (la St. Moritz, inspiration de l’actuelle Alpine Eagle), ce passionné de voitures anciennes a aussi fait naître la Mille Miglia. Cette collection, devenue un pilier de Chopard, est issue d’un partenariat (le plus long du genre!) avec la célèbre course automobile italienne, à laquelle Karl-Friedrich participe chaque année depuis 1989. Autant de décisions illustrant une volonté robuste et une vision. Le co-Président de la Maison explique ainsi n’avoir « jamais misé sur le profit à court terme, mais sur la stabilité, l’indépendance, le progrès et l’authenticité nécessaires pour créer une expression horlogère unique pour les 25 prochaines années — et au-delà ».

Caroline, elle, a donné jour en 1985 au pôle joaillier de la marque, développé initialement à travers le concept phare des diamants mobiles des montres Happy Diamonds, en version bijou. Mais elle a aussi fait naître un partenariat qui a offert une visibilité exceptionnelle à Chopard… En 1997, la créatrice a convaincu le directeur du Festival de Cannes de redessiner rien moins que la Palme d’or ! Ainsi, depuis 1998, la Maison se charge-t-elle de la fabrication de cette distinction si convoitée — en écho au défilé des créations les plus spectaculaires de Chopard (et d’autres) sur le tapis rouge. Cette belle histoire a même débouché sur un engagement fort en matière de durabilité.

Un luxe responsable
Tout commence en 2011, lorsque Caroline rencontre Livia Firth, l’épouse de l’acteur britannique Colin Firth. Engagée dans la mode écoresponsable, celle-ci s’enquiert de la provenance de l’or utilisé par Chopard… Caroline ne peut répondre. Elle connaît le nom des banques qui la fournissent, mais pas l’origine exacte du métal. La co-présidente de Chopard et son frère saisissent le défi à bras le corps. Pour s’assurer du sourcing éthique des matériaux, la Maison collabore avec des initiatives comme Fairmined, le Swiss Better Gold et le Responsible Jewelery Council (RJC). Ainsi, en 2014, la Palme d’or est forgée pour la première fois en or Fairmined – une petite révolution dans le monde de la joaillerie et de l’orfèvrerie. Depuis 2018, l’ensemble des montres et bijoux Chopard sont réalisés en or éthique et sertis de pierres précieuses certifiées RJC. Pas supplémentaire sur cette voie vertueuse, en 2023, la Maison s’est engagée à n’utiliser plus que de l’acier recyclé à hauteur de 80 % (son alliage exclusif Lucent Steel) — un taux qui augmentera jusqu’à 95 % en 2025.

Un ancrage genevois… parfois inattendu!
Si les bijoux prennent forme(s) en Allemagne, à Pforzheim, et que les mouvements des montres voient le jour à Fleurier, le siège de Chopard se trouve bien à Genève. Dans la manufacture de Meyrin sont rassemblés des départements et des ateliers-clés, notamment dévolus à la fonte de l’or — une rareté dans l’industrie —, à la fabrication des boîtes et des bracelets (également une exception pour une marque), ainsi qu’à l’assemblage et au réglage de montres certifiées Poinçon de Genève.

En ville, Chopard a pignon sur la rue du Rhône, au n° 27. Plus inattendu, Karl-Friedrich s’est aussi investi, dès les années 1990, dans le domaine du vin — une autre de ses passions. Les amateurs de bons crus genevois connaissent tous le Caveau de Bacchus, situé Cours de Rive, distributeur exclusif en Suisse romande du très recherché Domaine Romanée Conti. L’intérêt de Karl-Friedrich pour le sujet est tel qu’il a acquis dans la région de Bergerac, en France, le Château Monestier-La-Tour, converti à la culture en
biodynamie.

Autre sujet, autre surprise : à quelques kilomètres de Genève, le long du lac Léman, la fondation Alpine Eagle, co-fondée par Karl-Friedrich, féru de causes environnementales, aide à réintroduire les aigles dans la nature. Ce projet fait écho à la collection Alpine Eagle, dont la finition du cadran rappelle l’iris du rapace.

Et maintenant ? Les années à venir s’annoncent prometteuses. La prochaine génération de Scheufele, déjà très impliquée, s’apprête à reprendre le flambeau, fidèle aux valeurs de cette famille décidément hors du commun.

chopard.com