
À Table by Jérémie Voutaz
Sous la voûte (bientôt ?) étoilée
La valeur n’attend pas le nombre des années, dit-on. L’adage semble avoir été taillé pour Jérémie Voutaz… À 21 ans, le jeune chef, règnant sur une table confidentielle logée dans une ancienne bergerie d’Étiez, ne recueille que des éloges. Rencontre.
Ses plus anciens souvenirs gustatifs ? La choucroute que préparait son grand-père et la viande séchée du Valais, qu’il ne mangeait alors que chauffée… Malgré son tout jeune âge (21 ans !), Jérémie Voutaz laisse vite transparaître quelques pointes de nostalgie à l’évocation de ces moments conviviaux passés en famille autour d’un bon plat. La cuisine, pour lui, c’est avant tout « un beau moment de partage ». « Mon grand-père, avec ses recettes traditionnelles, ses saucisses aux choux, sa liqueur de cassis et ses histoires autour de la table, m’a appris l’importance des ingrédients de qualité et du savoir-faire. Ma maman, elle, m’a initié à l’art de créer des pâtisseries et des plats mijotés qui rassemblent. »
À 14 ans tout juste, Jérémie s’inscrit à la 4e édition du concours régional de Top Chef au CO (Cycle d’Orientation) — créé pour favoriser l’émergence de vocations et de jeunes talents. Ils sont 130 élèves de 11e année à s’affronter. Sacrée émulation. Le jeune garçon franchit les étapes et remporte la palme autour d’un thème réjouissant : le gâteau d’anniversaire au chocolat. « Même mes poules ont adoré ! » se souvient le jeune homme, sourire au coin des lèvres. Son prix de 500 francs est immédiatement destiné à l’achat de couteaux de cuisine… En bonus : une « grande détermination à poursuivre une carrière culinaire ».
Aux côtés de Marie Robert
Sa victoire ouvre à Jérémie les portes d’un apprentissage au Safran, à l’Eurotel de Montreux, au bord du Léman. Les contraintes du métier ne le rebutent pas, bien au contraire. Formation achevée, il contacte Marie Robert par Instagram… La célèbre cheffe du Café Suisse de Bex l’engage en pâtisserie : un an de défis à relever et de progrès. « J’ai montré ma créativité, mes compétences et mon envie d’aller toujours plus loin. Je suis passé par la suite aux différents postes en cuisine. C’était une magnifique expérience, des moments mémorables. Cette aventure aux côtés de Marie et de Betta a renforcé ma passion pour la gastronomie et ma volonté de continuer de grandir en cuisine », se remémore Jérémie.
Son adage favori a été emprunté à Guy de Maupassant : de toutes les passions, la seule vraiment respectable me paraît être la gourmandise. Le jeune homme n’a pas 20 ans qu’il envisage déjà de se lancer, seul. Ce sera dans une vieille bergerie réappropriée d’Étiez, dans ce val de Bagnes qui l’a vu grandir, entre abreuvoir et autel dédié à Notre-Dame-de-Bonnes-Grâces. Pourquoi là ? Pour son caractère intime, qui pousse au convivial.
One-man show
La règle est stricte : pas plus de huit convives par repas, autour d’une solide table commune sous voûte, à touche-touche avec le chef et ses casseroles. Restaurant ? Rencontre ? Expérience ? « Je parlerais de tout ça à la fois, répond Jérémie. Chaque plat raconte une histoire tout en célébrant la richesse de notre région. L’ambiance est chaleureuse et conviviale, invitant à l’échange ». Pas courant, en effet, de voir le chef dresser les assiettes juste sous vos yeux, pince à épiler en main (son instrument de prédilection) !
Les goûts sont ceux d’ici, « authentiques, mettant autant que possible en valeur les produits locaux au gré des saisons ». Évoluant toutes les trois semaines, le menu unique, accompagné de crus valaisans méticuleusement sélectionnés, joue la carte de la surprise. Au fil des saveurs, des textures et des odeurs, mais aussi à travers une esthétique puissante, entre épure, graphismes et couleurs. Plus que des plats : des œuvres d’art.
À Table by Jérémie Voutaz
Ouvert du mercredi au dimanche midi