Herbert Schott

Le magicien de l’InterContinental

Texte
Yannick Nardin
Copyright
Hôtel InterContinental Genève
Parution
Été 2023

En 2024, l’InterContinental soufflera 60 bougies, dont 34 de «vie commune» avec Herbert Schott — l’homme qui fit entrer l’hôtel dans la légende… en y faisant entrer les grands de ce monde! Sa baguette magique: un extraordinaire sens des enjeux et du service.

Les clichés parlent d’eux-mêmes, témoins du passage des plus grandes célébrités et de politiciens de premier plan à l’InterContinental. Aujourd’hui, négociations et séjours au sommet sont toujours monnaie courante dans l’établissement, idéalement situé dans le quartier des organisations internationales et des ambassades. Les diplomates américains, l’ONU et l’OMC recourent notamment régulièrement à ses services. En 2021, Joe Biden a d’ailleurs séjourné à l’InterContinental, en marge de sa rencontre avec Vladimir Poutine. La réputation internationale de l’hôtel a été construite au fil de plusieurs décennies par un homme clef : Herbert Schott. Entré au service de l’établissement en 1967, puis directeur de 1981 à 2002, il a été le véritable chef d’orchestre de ce positionnement. Retour sur un remarquable parcours.

«Carte blanche»
En 1967, la carrière du jeune Herbert, né à Cologne et âgé d’à peine plus de vingt ans, se présente sous les meilleurs auspices, après de premières expériences réussies à Paris, Rome, Madrid et Londres. La direction d’un grand hôtel à Los Angeles lui est proposée. Mais c’est finalement l’InterContinental de Genève qu’il choisit, devenant rapidement directeur de la réception — sous l’impulsion de son épouse, désireuse de vivre sous les cieux européens.

À cette époque, les affaires de l’hôtel ne sont pas au mieux, même si Martin Luther King y prononce déjà son discours lors de la conférence sur la paix de 1968. Le directeur d’alors, M. Desbaillet, confie à Herbert Schott le développement du secteur diplomatique. « Une carte blanche m’a été donnée à cet effet », relate Herbert Schott dans ses mémoires, publiées sous le titre « L’hôtelier » et parsemées d’anecdotes. Le jeune homme dresse alors la liste du personnel des organisations internationales et l’invite à se familiariser avec l’hôtel, offrant au passage des entrées pour la piscine nouvellement inaugurée.

Sophia Loren pour bonne fée
C’est néanmoins le séjour de l’actrice Sophia Loren qui propulse l’InterContinental sur la scène internationale, la même année. L’actrice vit une grossesse difficile ; le spécialiste genevois qui la suit prescrit l’alitement durant 7 mois et un régime strict, exigeant des en-cas réguliers, y compris la nuit. Le producteur Carlo Ponti, époux de la star, se confie à Herbert Schott à propos des difficultés à trouver un hébergement apte à fournir les services requis. Il n’en faut pas plus au génie de l’à-propos pour loger l’actrice dans un appartement à prix avantageux, avec un personnel aux petits soins. Durant son séjour, Sophia Loren reçoit des visites de célébrités du monde entier. L’hôtel lui assure une parfaite sécurité et une totale discrétion face à l’assaut de journalistes venus arracher les premiers clichés du bébé. La réputation de l’InterContinental est faite.

Haut lieu de la diplomatie
En parallèle, Herbert Schott s’attache à développer la clientèle diplomatique de l’hôtel. Prêt à tout pour la satisfaire, il va jusqu’à transformer en quelques heures un local à bagages en salle de conférence pour une délégation de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Dès lors et pendant plus de 15 ans, l’organisation y tiendra de nombreuses rencontres, faisant même de l’InterContinental le siège de ses conférences en 1976. Herbert Schott a alors la délicatesse de créer quatorze chambres identiques pour tous les représentants des États membres. Brillant !

Fidel Castro, Yasser Arafat, Bill Clinton, Georges H.W. Bush, le président indonésien Suharto, le colonel Kadhafi, Gianni Infantino (directeur de la FIFA), Lady Di… Sous la houlette d’Herbert Schott, puis de ses successeurs, l’InterContinental accueille les plus grands, au fil de rencontres cruciales : Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1985, le Dalaï-Lama et l’Aga Khan en 1988, ou encore Bill Clinton et Hafez el-Assad en 1994. Lors de tels événements, l’hôtel et ses environs sont passés au crible de la sécurité et le quartier généralement bouclé.

En 2002, finalement, Herbert Schott prend sa retraite, quittant du même coup plusieurs conseils d’administration de la région et de l’industrie hôtelière suisse. « Comblé et content de ma réussite genevoise ainsi que d’une carrière (…) commencée comme porteur de valises ! » précise l’intéressé.

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