
Patrick Güller
L’artisan des belles lumières
Sport et montagne, telles sont ses deux passions, réunies dans des images sublimant la beauté des Alpes valaisannes — et de la région de Crans-Montana en particulier. Rencontre avec un jeune photographe aux pieds bien ancrés dans le terroir qui l’a vu naître.
Tout a commencé par le fun de se filmer entre copains, lattes aux pieds, puis l’été suivant, à vélo. Dans le viseur : les Alpes, si belles. C’est ainsi que, pour Patrick Güller, sport et montagne sont devenus indissociables. Le Valais ? « Un grand terrain de jeu. » Le ski ? Le VTT ? Le trail ? Des vecteurs d’explorations, permettant de parcourir vallées et sommets, « découvrir des coins nouveaux » — et, désormais, repérer des lieux pour de futurs shootings.
Photographe par passion
De son propre aveu, rien ne prédestinait Patrick à devenir photographe. Instagram en a décidé autrement, favorisant les échanges, les progrès techniques, l’essor initial. Peu à peu, la passion a supplanté le raisonnable et, études de marketing bouclées, le jeune homme s’est lancé en solo dans l’aventure de la photo professionnelle. L’essentiel n’est plus aujourd’hui le nombre de followers (67’200 au compteur, tout de même !), mais l’énergie de la découverte, qui pousse toujours plus loin, techniquement, géographiquement. Outdoors, sport, tourisme, voyage, le créneau est encombré, mais le challenge relevé.
Comment se distinguer dans la masse des images noyant les réseaux ? En raffinant ce que l’on aime. En l’occurrence : les paysages de montagne de grande ampleur. C’est le Valais, affirme-t-il, qui l’a nourri de ses « jeux de lumières incroyables », de ses levers et couchers de soleil. Autant d’excuses pour reprendre chaque fois de l’altitude et passer la nuit là-haut, en attendant l’instant précis où, matin venu, dans la solitude fraîche de l’aurore, le soleil, franchissant le rideau opaque des Alpes, s’affranchit de l’ombre pour inonder la nature. À ces heures sereines, loin des foules, la sensation de vie est plus intense. « Magique », affirme Patrick… même lorsqu’il faut affronter le froid, en tente, l’hiver.
Le Valais au cœur
Né à Martigny, grandi du côté de Conthey, le jeune homme est un fidèle de Crans-Montana. Pour les « vues incroyables de la Plaine Morte, envoûtantes aux lever et coucher de soleil ». Pour les sauvageries discrètes de La Tièche et du secteur étendu entre Bella Lui et la Plaine Morte, « pas trop connu ». Pour la cascade du Pichiour, aussi, dont le rideau d’eau, l’été, dissimule aux regards le sentier du vallon de la Raspille. « Ce qui est intéressant à Crans-Montana, c’est la variété des paysages, des marges de la plaine du Rhône jusqu’à plus de 3’000 m, dessinant un terrain de jeu aux facettes variant constamment au fil des saisons. »
Un lever de soleil hivernal depuis le haut Valais. Un automne dans les mélèzes de Tseuzier ou un coucher de soleil dans l’axe du Rhône… Derrière l’image, la logistique est là. Il y a les horaires des remontées mécaniques à respecter. Les kilos de matériel à charrier, drone inclus. Les pellicules, aussi, avec un retour partiel vers l’argentique — « un contraste qui fait du bien et pousse à davantage réfléchir compositions et choix, plutôt que de ramener 1’500 images dans la journée. » La planification pour les clients commerciaux exige, elle, des shootings quasi « millimétrés », avec horaires, angles prédéfinis et figurants sélectionnés à l’avance. Le reste du temps, Patrick saute dans son van (devenu base mobile) et se contente de consulter météo et temps de marche, en quête de beaux instants et de belles rencontres. Dans les Alpes. Vers les Pyrénées. Jusqu’au cap Nord. Partout où la Terre se redresse en sommets aguicheurs. « Pour être au bon endroit au bon moment. »