
Fabio Zingg
Landscape photographer
Il a failli être banquier avant de tracer, très jeune, un chemin pavé d’aventures. Sa passion : les montagnes et les grands espaces vraiment sauvages. En plein Valais comme à l’autre bout du globe. Ses maîtres-mots : curiosité et ouverture d’esprit.
L’entrée de Fabio Zingg dans le monde de la photo à travers les réseaux sociaux, à 15 ans, ressemble à beaucoup d’autres de sa génération : rapide, exaltante. Au fil des échanges d’idées de randonnées et d’images, naissent des connivences, des enthousiasmes ardents. Le jeune homme explore la Suisse à chaque occasion, seul d’abord, puis avec les membres de son groupe WhatsApp. Très vite, il reçoit des éloges pour ses clichés. Avant même de débuter une carrière, la question se pose : le futur doit-il être un job fixe, à heures fixes, sécuritaire mais sans surprise ? Fabio ne tarde pas à répondre non.
Les montagnes suisses pour égéries
À seulement 25 ans, notoriété établie, le Zurichois parcourt déjà le monde entre projets professionnels et personnels. En seulement six ans, il a accumulé les followers (333’000 !) et les voyages (de la Bolivie au Groenland), partagé sa passion à travers de nombreux workshops, fait des rencontres inoubliables et vécu cent vies. Sans jamais renier ce goût de la Suisse qui le ramène invariablement dans le Valais et les Grisons.
Ils sont une dizaine de photographes, tous passionnés de montagne, à s’être rencontrés sur Internet et réunis au sein du collectif The Alpinists. « L’occasion de partager nos secrets et nos images, de nous motiver mutuellement, mais aussi de donner envie à d’autres de partager nos aventures. » Peu à peu, l’idée s’est imposée de publier leur travail, réuni dans un même ouvrage. Il y en aura deux : Lost in the Alps 1, puis Lost in the Alps 2. Un joli succès, qui donne envie d’enfiler ses chaussures. Et, pour Fabio, une casquette de plus, en tant que responsable des community events du groupe.
Explorateur dans l’âme
« L’essence de la photographie, pour moi, c’est de réussir à capter la beauté de la nature et de la transmettre à d’autres pour les inspirer. Dans les lieux les plus désolés et méconnus de la planète. Dans les montagnes, surtout. Hautes altitudes et météo changeante jouent toujours là un rôle crucial. J’adore les paysages sublimés par la lumière du soleil levant et cette sensation de petitesse qu’éprouve l’homme immergé dans ces grands espaces inviolés. Mais il ne s’agit pas que de beauté. J’aime aussi beaucoup lorsqu’un shooting se mue en expédition », s’enthousiasme Fabio. Comme lors de son tout récent shooting pour Air Zermatt, « incroyable », le nez à fleur d’Alpes.
« Zermatt et le Cervin ont une place à part pour moi, précise le jeune homme. J’y suis souvent venu, j’y ai souvent travaillé et, pourtant, je découvre sans cesse de nouvelles perspectives et ambiances. La sérénité des lacs alpins confrontée à l’âpreté grandiose des pics m’inspire. » Inutile d’aller loin, en vérité. « Les plus belles odyssées et les photos les plus incroyables sont à notre portée, ici-même. Quelle chance nous avons ! L’une de mes photos préférées, d’ailleurs, a été prise en Suisse, au terme d’une journée de randonnée, lorsque j’ai eu la chance de partager avec deux bouquetins un coucher de soleil inondant une mer de nuages. Parfois, les plus beaux instants surviennent lorsqu’on s’y attend le moins », sourit Fabio.
Conscient des enjeux
« J’espère donner envie aux gens de partir à l’aventure — petite ou grande. J’espère les inciter à apprécier la nature, mais aussi à leur donner envie de la protéger », s’inquiète Fabio. Avec 333’000 followers, l’impact d’une seule image sur un environnement fragile peut vite se révéler catastrophique, en déclenchant un raz-de-marée de visites.
Ces précautions mises à part, le futur se dessine avec envie pour Fabio. Ateliers photo, shootings pour de grandes marques en Suisse, nouvelles explorations à l’horizon, tirages d’art de ses plus belles images, organisation de voyages photo, le jeune homme ne manque pas de projets — seul ou en famille, peut-être… L’occasion de satisfaire sa curiosité, de multiplier les expériences et les rencontres. Et de vivre cent vies, encore.