
Silvan Widmer
La montagne pour guide
Il est tout jeune, Silvan Widmer: 28 ans. Il y a trois ans, il emmène pour la première fois un appareil photo lors d’une randonnée dans ces montagnes de l’Alpstein qu’il aime tant, aux portes de chez lui, dans le canton de Saint-Gall.
Il en connaît chaque pente, chaque combe, chaque rivière, chaque pierre, chaque brin d’herbe. Il mitraille. Retravaille les images au retour. Et s’en trouve très satisfait. Émerge rapidement un sentiment fort: c’est à travers la photographie qu’il peut le mieux retransmettre les émotions qu’il ressent devant la beauté de la nature.
La plaine? Très peu pour lui. Né et grandi dans la vallée de Toggenburg, Silvan aime la montagne. Les montagnes. L’Alpstein. Le Churfirsten. Et l’envoutant Horu. Sa plus belle image? Ce Cervin, justement, «qui, certains soirs, se déleste de son couvercle habituel de nuages et, au soleil déclinant, dans un silence intégral et incroyable, s’enveloppe d’une aura de splendeur, dans une lumière irréelle.» Silvan s’enthousiasme: «ces instants bénis me nourrissent. Ils sont impossibles à acheter et pourtant si précieux. C’est ainsi que la photographie m’a appris à ressentir la beauté de la nature avec une acuité renforcée.»
Silvan ne planifie rien. Pas de rendez-vous donné à un moment précis, en fonction de la saison ou de l’inclinaison de la lumière. «Les plus belles images, pour moi, sont toujours le fruit du hasard, affirme le jeune photographe. Et c’est justement ce qui les rend excitantes.»
C’est donc l’instinct qui le guide, renforcé d’une bonne dose de patience. Notamment lorsqu’il part en quête des bouquetins qui hantent certains de ses coins favoris. Là encore, la chance joue un rôle majeur: l’animal est imprévisible et sa rencontre est toujours un temps fort, une bénédiction. Dans les images de Silvan Widmer, l’homme n’occupe qu’un rôle secondaire. Tout juste est-il là, parfois, pour renforcer l’impression de puissance de la nature qui l’entoure. Une échelle, un témoin. Quant au temps qu’il fait, peu importe. Le Saint-Gallois apprécie les situations très contrastées — «tout sauf le beau temps», en fait!
Silvan aime explorer la montagne sous toutes les coutures. S’il ne pratique pas l’escalade, il randonne intensément. Et s’offre une vision alternative sous l’œil de son drone DJI Phantom 4 Pro — «dans le respect de la nature et des réglementations», précise-t-il. À l’occasion, il accepte des commandes, collabore avec Suisse Tourisme, des marques d’équipement outdoor, des auberges montagnardes… Tout ce qui fait écho à sa passion pour les montagnes. Ses projets? Marcher. Voyager, sans doute. Du côté des îles Féroé, par exemple, où les montagnes dévalent directement en mer dans un concert de paysages stupéfiants.